Entente pour l’eau du bassin Adour-Garonne
Intervention de Léonore Moncond’huy en séance plénière du 16 décembre 2019
Je tiens à souligner le caractère positif de cette délibération, dans les intentions dont elle témoigne.
Deux mots sont importants dans le titre de cette délibération : « Entente » et « réchauffement climatique », deux mots qui illustrent notre approche des politiques de gestion de l’eau, la première des ressources vitales fragilisées par les dérèglements climatiques.
Le bassin Adour-Garonne est particulièrement exposé au changement climatique. Le déséquilibre hydrologique actuel, déjà important, est fortement accentué par le changement climatique, qui devrait porter ce déficit à 1,2 milliard de m3 en 2050, alors même qu’à cette échéance, le territoire devrait accueillir une population estimée à 1,5 million d’habitants supplémentaires. Des tensions en eau potable sont déjà sensibles dans ces territoires, à l’instar de ce que l’on peut déjà observer en Charente-Maritime, et dans l’ensemble du Bassin Loire-Bretagne.
Cette délibération apporte une réponse intelligente au problème, pourquoi ?
- Parce-qu’elle se fonde sur une étude prospective sérieuse, qui éclaire les conséquences à attende du changement climatique en 2050 ; aujourd’hui, avec les constats scientifiques que nous connaissons, il est impensable qu’un projet de gestion de l’eau puisse être envisagé sans ce préalable indispensable;
- Parce-qu’elle place comme premier objectif la recherche d’une économie dans nos usages de la ressource en eau, un objectif de sobriété qui doit guider l’ensemble des politiques qui touchent à notre gestion des ressources naturelles ;
- Parce-qu’elle propose un mode de coopération innovant, au service de la recherche de solutions partagées face à cette crise de la ressource en eau ;
- Et parce-qu’elle montre un vrai volontarisme dans la recherche de solutions pour la question de l’eau, avec déjà quatre appels à projets, qui ne sont pas visibles dans cette convention, mais qui mobiliseront 30 millions d’euros dès 2020. Ces appels à projets visent 1) la préservation des zones humides ; 2) les économies d’eau pour les industries et les entreprises, 3) la réutilisation des eaux usées et 4) la désimperméabilisation des sols notamment en milieu urbain. Je m’arrête quelques instants sur ce dernier volet, car il existe un lien clair entre la gravité des intempéries que j’évoquais tout à l’heure, et l’artificialisation des sols. La désimperméabilisation est une solution connue, qui apporte une vraie solution de sécurité aux habitants, et c’est la première fois qu’un plan de cette ampleur est mis en œuvre.
Il est intéressant de constater que, dans l’étude prospective que je mentionnais, comme dans le document fondateur de cette Entente, la moindre présence de solutions de stockage est posé comme un préalable, avec lequel il faut composer. Aucun des appels à projets ne vise les solutions liées au stockage. Les solutions s’organisent, avec la préoccupation qu’elles puissent répondre aux besoins de l’ensemble des acteurs du territoire. Cela nous incite à rompre avec la fausse bonne idée des retenues d’eau géantes, bien souvent brandies comme l’unique mesure pertinente face à l’adaptation au réchauffement climatique.
L’articulation globale des actions de cette Entente reflète selon nous les orientations d’une politique de l’eau responsable aujourd’hui, dans la perspective du changement climatique, et nous espérons que cette approche diffuse à l’échelle de toute la Région. Ce qui est possible en Adour-Garonne, doit aussi être possible dans le deuxième Bassin concerné par notre Région, le Bassin Loire-Bretagne, et nous soulignons le fait que les solutions et le mode de fonctionnement qui sont ici proposés pourraient être portés par des Agences de l’Eau.
Je vous remercie.
[Seul le prononcé fait foi]