Climat : Jean-François Blanco ouvre le colloque PYRADAPT 2017 🗓 🗺
Organisé par l’Observatoire Pyrénéen du Changement Climatique (OPCC) et la Région Nouvelle-Aquitaine Présidence actuelle de la Communauté de Travail des Pyrénées (CTP). Détails et programme du colloque sur le site dédié en cliquant ici.
Jean-François Blanco a assuré l’introduction et la conclusion de ce 2ème Colloque international sur le thème du changement climatique en zones de montagne dont l’objectif est de créer un moment d’échanges de connaissances entre la communauté scientifique et les techniciens venant de divers horizons afin d’actualiser l’état des connaissances sur l´impact du changement climatique en zones de montagne et de réfléchir à la manière dont les Pyrénées peuvent s’adapter à ses effets.
Intervention de Jean-François Blanco du 8 novembre 2017 en ouverture du Pyradapt deuxième Colloque du Changement Climatique et Montagne
Je vous remercie, pour votre présence et les travaux de recherche sur le réchauffement climatique et les zones de montagne intenses et fondamentaux qui seront présentés durant cette journée.
Les conclusions de ce Colloque seront restituées au Conseil Plénier de la Communauté de Travail des Pyrénées qui se réunira demain,également à BTZ,
35 années après sa première réunion à Pau.
A vrai dire ce colloque et le Conseil Plénier s’ouvrent dans un contexte très préoccupant sur le plan politique et juridique du fait de l’application de l’article 155 de la Constitution Espagnole en Catalogne. La Catalogne est l’un des membres fondateurs de la CTP. Elle a assuré sa présidence de 1987 à 1989 puis de 2003 à 2005. La CTP est fondée sur la coopération entre les territoires du Massif Pyrénéen et la participation européenne.
La suspension des institutions catalanes, l’emprisonnement de 8 de leurs représentants, l’exil forcé de son Président nous consternent et nous affectent. Elle interroge sur le plan juridique les statuts de la CTP ne prévoyant pas une telle situation. Une démocratie ne peut répondre aux idées par la contrainte et la prison. Les prisonniers et exilés catalans doivent retrouver la liberté.
Cette liberté si indispensable, également, à la recherche scientifique a permis aux travaux, promus et animés par l’OPCC, d’acquérir un haut niveau de qualité.
La sélection de ce Colloque pour la COP 23, qui se déroule à Bonn du 6 au 17 novembre, constitue une reconnaissance de la compétence internationale de l’OPCC et de ses partenaires. Elle valide la pertinence du choix de la CTP au moment de la création de l’OPCC en janvier 2010.
Les objectifs de l’Observatoire sont clairs :
– la description et l’analyse du changement climatique dans les Pyrénées,
– l’identification et l’étude des actions nécessaires pour en limiter les impacts et s’adapter à leurs effets.
Son premier volet, de 2009 à 2014, s’est traduit notamment par les réalisations suivantes :
– un atlas floristique des Pyrénées,
– le recensement des risques naturels en montagne,
– l’analyse de l’évolution des écosystèmes forestiers,
– la cartographie des changements pour la végétation,
– la création d’indicateurs transversaux.
Après un premier Colloque en 2013 notre réunion s’inscrit dans le second volet de l’OPCC qui couvre la période de 2015 à 2019.
La période de l’urgence climatique, décrite ce 6 novembre en ouverture de la COP 23 à Bonn par son Président, Premier Ministre de Fidji Frank Bainimarama : « L’urgence de la situation est évidente. Notre monde est en détresse face aux évènements climatiques extrêmes – ouragans destructeurs, incendies, inondations, sécheresses, fonte des glaces et changements dans l’agriculture qui menacent notre sécurité alimentaire ».
Cette alarme aussi reprise, ce 6 novembre, par l’Organisation Météorologique Mondiale : « Il est fort probable que l’année 2017, marquée par de nombreux phénomènes à fort impact parmi lesquels des ouragans et des inondations catastrophiques ainsi que des vagues de chaleur et des sécheresses particulièrement néfastes se classera parmi les trois années les plus chaudes jamais constatées ».
Nous le savons la montagne est un espace particulièrement vulnérable au changement climatique. La sensibilité du milieu montagnard est forte tout comme la réactivité des paysages végétaux d’altitude. Inévitablement la biodiversité est menacée. La disponibilité hydrique se raréfie.
Aneto, Maladeta, Vignemale autant de glaciers qui disparaissent, témoins crépusculaires du réchauffement climatique. Jean Jouzel décrit cette spirale infernale : « Le réchauffement fait fondre la glace des pôles et des montagnes et si la planéte est moins blanche elle absorbe plus de chaleur. De même le réchauffement fait fondre les sols gelés, le permafrost, qui libère du méthane qui accélère le réchauffement.
Le volet 2 de l’OPCC, qui se déroule de 2015 à 2019, comporte quatre objectifs :
– la compilation et la valorisation des bonnes pratiques d’adaptation,
– le développement des outils pour promouvoir l’innovation,
– la création de bases de données permettant une meilleure connaissance des impacts du changement climatique.
Pour atteindre ces buts l’OPCC développe ses travaux et recherches dans plusieurs directions :
– la caractérisation de l’évolution du climat,
– les effets du changement climatique sur les lacs et tourbiéres,
– son impact sur la flore pyrénéenne,
– son impact sur la forêt,
– son impact sur les systèmes socio-économiques, en particulier l’agriculture et la pratique du ski.
Notre Colloque constituera un point d’étape important pour ces travaux d’études et de recherche. L’occasion de les présenter et de les soumettre à des interrogations et débats constructifs. Mais notre Colloque entend, aussi, aborder la délicate question de la transmission des connaissances et de leur influence sur les décideurs politiques. Celle de la responsabilité devant la décision.
La science nécessite la rigueur des constatations mais aussi un doute fécond et la prudence dans les projections. Les décideurs doivent, fort de ce travail scientifique, prendre en compte le risque climatique pour orienter les politiques.
La création d’un Conseil Consultatif qui assurera la concertation entre les scientifiques, les acteurs et techniciens des politiques publiques contribuera
à l’effectivité des solutions. Finalement tout notre effort consiste à combattre le déni climatique :
– en décrivant et documentant le réchauffement climatique
– en proposant et mettant en œuvre les solutions.
Elles sont clairement identifiées : renoncer aux énergies fossiles, sortir de l’économie carbonée, cesser la déforestation.
L’espoir est à notre portée pour sauver le climat et la montagne.