Pour la dissolution de la cellule Demeter
Communiqué de presse Groupe écologiste et citoyen - Eelv au Conseil régional de Nouvelle-Aquitaine 12 juin 2020
Suite à l’affaire d’Égletons en Corrèze, le groupe écologiste à la Région exprime sa très vive inquiétude face aux dérives anti-démocratiques et aux tentatives de censurer les militants de défense de l’environnement.
Un juriste de France Nature Environnement et porte-parole de l’association de défense de l’environnement « Sources et Rivières du Limousin » vient d’être convoqué par la gendarmerie. Sa présence sur un remblai alors qu’il répondait à une interview de France 3 Limousin, dans laquelle il dénonçait la construction de serres industrielles à tomates hors-sol, lui vaut d’être désormais sous le coup d’une enquête diligentée par la procureure de Tulle pour « violation de domicile ».
Il n’y a pourtant pas eu de plainte des propriétaires du terrain. C’est suite à un signalement à la gendarmerie d’Égletons et dans le cadre de la mise en œuvre de la cellule Demeter que le processus judiciaire semble avoir a été enclenché.
Au cœur de l’affaire se trouve surtout un vrai scandale écologique de la construction d’un complexe de 5 ha de serres chauffées destinées à produire des tomates toute l’année. Cette exploitation industrielle est en cours d’installation sur une zone humide et a donné lieu à la destruction d’une forêt.
A cette atteinte à l’environnement, dénoncée par les écologistes corréziens, viennent donc désormais s’ajouter des tentatives d’intimidation. Ces dérives nous inquiètent.
Sur pression des lobbies agricoles et industriels, le gouvernement s’est engagé depuis quelques mois à faire cesser tout prétendu « agri-bashing » a l’encontre du monde agricole. Pour agir, le Ministère de l’intérieur a créé des cellules de gendarmerie dédiées, nommées « Demeter ».
Demeter a pour but « de protéger les agricultrices et agriculteurs des agressions et intrusions sur les exploitations agricoles ». Mais en février dernier, le journal Le Monde a révélé que la cellule Demeter était le fruit d’une convention signée, sous l’égide du Ministère de l’intérieur, entre la gendarmerie nationale et deux syndicats agricoles promoteurs de l’agriculture industrielle.
Les défenseurs de l’environnement et de l’agriculture paysanne et biologique accusent le gouvernement, d’utiliser cette officine pour censurer la liberté d’expression des opposants à l’agriculture industrielle. Vingt-sept organisations — dont France Nature Environnement, la Fondation Nicolas Hulot, la Ligue des Droits de l’Homme et le WWF — ont demandé, dans une lettre ouverte au Premier ministre Édouard Philippe, la dissolution de cette cellule.
Nous nous associons à cette demande et assurons l’association « Sources et Rivières du Limousin » de notre soutien. Nous demandons que cesse immédiatement cette « enquête » qui ne vise qu’à museler les défenseurs de l’environnement. Nous exigeons le démantèlement de Demeter en Nouvelle-Aquitaine et sur la totalité du territoire français.
Jean-Louis Pagès, co-président du groupe écologiste à la Région Nouvelle-Aquitaine, élu de la Haute-Vienne