Orientations budgétaires 2020

Intervention de Nicolas Gamache en séance plénière du 21 octobre 2019

Monsieur le président, mes chers collègues,

Nous nous félicitons de l’importance de NéoTerra évoquée dans les orientations budgétaires. Nous soutenons pleinement l’intention politique reflétée dans le document, et nous sommes impatients de leur traduction concrète dans l’évolution des arbitrages budgétaires.

En effet, à budget quasi constant, et en tenant compte de l’inertie de la partie fonctionnement nous allons devoir réviser, revisiter nos politiques au regard de NéoTerra et de la nécessité d’engager un réel travail  de fond : qu’allons-nous faire que nous ne faisions pas, et qu’allons-nous abandonner ?  Il est possible que 60% du budget réponde aux critères NéoTerra, mais quelle est la trajectoire pour les 40% restants ?

Nous attendons des efforts tout particuliers vers la mise en œuvre des écosocioconditionnalités, qui vont aller au-delà des simples sociales et environnementales, qui d’ailleurs vont devoir s’adapter aux contraintes légales qui ne vont que s’accroître. Nous attendons qu’on aille plus loin, qu’on préserve à la fois la planète et les populations.

C’est bien vers une emphase sur l’empreinte écologique globale que nous devons inciter les entreprises et les organisations à travailler : quelles sont les incidences climatiques réelles de leur production en amont, via les ressources qu’elles utilisent mais aussi l’impact effectif de l’usage qu’en font leur client. Quel est le rôle de leur segment de marché sur l’épuisement des ressources ? La survie à long terme de leurs activités, est liée à la survie de l’humanité elle-même et c’est notre devoir fondamental de collectivité régionale que d’anticiper, préparer avec elles l’avenir qui va voir se préciser l’épuisement des ressources naturelles sur laquelle fonctionne le logiciel productiviste.

Des actions fortes sont annoncées au service d’une transformation écologique, agricole et énergétique accélérée, comme par exemple la fin annoncée des pesticides. Mais devons-nous abandonner les agriculteurs qui vont inexorablement basculer vers le bio aux mains des centrales d’achat sans investir massivement sur l’ingénierie nécessaire à structurer des circuits courts de distribution alimentaire ?

La concurrence organisée par CETA, TAFTA, Mercosur et tout le cortège des règles faussées du marché libéral va mettre en concurrence déloyale les bios industriels de l’Ukraine, ou d’ailleurs, avec nos paysans. Demain la détresse des paysans bio qui ne maîtrisent plus collectivement les tarifs auxquels ils écoulent leur produit sera aussi grave que celles aujourd’hui des agriculteurs conventionnels si nous n’engageons pas les budgets pour leur permettre de s’engager dans la  transformation ou la distribution.  La lutte contre les pesticides n’est pas une lubie d’écologiste obsédé par le taux de produits chimiques dans la population, et il ne suffit pas de les éradiquer pour traiter ce qui en est la source :  la marchandisation des espaces, le mépris de la nature et la violence faite au vivant, le culte productiviste et la destruction généralisé des ressources. Ne confondons pas le symptôme et le mal productiviste lui-même.

Pour y arriver, nous devons réellement nous engager dans une trajectoire qui nous permette d’atteindre les objectifs fixés dans la feuille de route NéoTerra, notamment celui de la sortie des pesticides et de l’accompagnement effectif de nouveaux modèles agricoles, résilients et adaptés aux enjeux climatiques.

Il est donc nécessaire que la forte volonté inscrite dans les orientations budgétaires soit traduite dès le budget 2020.

Au-delà de la résolution de l’équation : budget constant et cohérence avec NéoTerra, la question qui reste en suspens est : à quelle vitesse et avec quelle intensité nous devons réaliser cette nécessaire transition déclinée dans NéoTerra ?

Pour conclure, dans ces orientations budgétaires, le ton est donné, la partition est écrite, mais comme toute belle partition symphonique, elle ne trouve tout son sens que lorsqu’elle est jouée harmonieusement et avec ferveur par l’ensemble des musiciens d’un orchestre.

Mettons donc cette belle partition NéoTerra en musique…

Je vous remercie.
[Seul le prononcé fait foi]