Motion “Non à la fusion Pôle Emploi/Missions Locales”

Intervention de Thierry Perreau en séance plénière du 23 octobre 2018

Monsieur le président, cher·e·s collègues,

Quand en 1967 le jeune secrétaire d’État à l’emploi, Jacques Chirac, crée l’agence nationale pour l’emploi, il réagit à un chômage émergent, moins de 500 000 personnes alors et pourtant perçu comme une menace inacceptable.
En 1981, c’est Bertrand Schwartz qui est mobilisé par le tout nouveau gouvernement issu des élections présidentielles du mois de mai. La France compte 2 millions de chômeurs dont la moitié de jeunes de moins de 25 ans. Le texte de Bertrand Schwartz  » Rapport sur l’insertion professionnelle et sociale des jeunes  » fait bien sûr une large place à la question de l’emploi et plus particulièrement à la formation et la qualification des jeunes identifiées comme issues au chômage massif des jeunes, mais il propose une approche globale de la notion de jeunesse.
Et ce texte visionnaire reste l’assise des actions d’accompagnements des missions locales. Alors que tous les dispositifs conditionnent leur accueil, les missions locales ouvrent leur porte à tout jeune qui en exprime le besoin.
À l’étude des termes « mission » et « locale », on identifie facilement le caractère territorial de l’action de ces structures associatives et pour « mission » on comprend qu’il puisse y avoir une durée aux fonctions assignées. Les missions locales ne sont pas intouchables et elles ont su à plusieurs reprises se réinventer, ce n’est pas le problème, mais toucher à la possibilité pour un jeune d’être accueilli, écouté, aidé, bien souvent pour des questions qui touchent à l’intime d’une identité qui se construit est une responsabilité d’une autre nature.
Philippe Labbé avait intitulé un de ses ouvrages « Les bricoleurs de l’indicible » en parlant des missions locales. Oui, il faut laisser des marges à l’expérimentation, au non profit, permettre à la quête de sens qui caractérise toute construction d’un individu d’être accueillie, écoutée, entendue et peut-être secourue.
Je vous remercie.
[Seul le prononcé fait foi]