Intervention relative au règlement d’intervention transitoire pour le développement touristique des territoires de Nouvelle-Aquitaine
Par Stéphane Trifiletti – Intervention en séance plénière du 10 avril 2017
Monsieur le président, mes chers collègues,
Le tourisme est un enjeu essentiel en Nouvelle-Aquitaine. Outil de développement économique, bien entendu, mais aussi levier social qui doit permettre le Vivre Mieux, la valorisation des territoires, des rencontres entre les générations et les populations curieuses d’échanges et de l’inter-connaissance.
La délibération présentée décline des éléments intéressants pour la structuration de cette filière primordiale.
Toutefois ce règlement d’intervention est transitoire. Il convient alors de bien prendre en compte les éléments suivants nous permettant de penser l’avenir dans un process d’amélioration continue pour un tourisme soutenable, social et dont l’empreinte écologique doit absolument diminuer. En effet, nous devons inventer le tourisme de demain qui doit s’éloigner de la vision encore trop productive, voire quelquefois industrielle de ce secteur.
Vous le savez comme moi, le secteur touristique a parfois tendance à exercer une pression sur les milieux naturels dans le but d’accueillir un nombre plus important de touristes. Il convient d’être particulièrement vigilants sur ce point car, si nous maltraitons l’environnement par certains comportements inconsidérés, nous risquons de tarir la source que nous voulons défendre. Dans le secteur touristique, comme ailleurs, nous devons avoir une approche globale et transversale des enjeux environnementaux et sociétaux. Une approche éminemment holistique doit s’imposer. La Nouvelle-Aquitaine ne peut être le seul terrain de jeu, c’est notre Bien Commun à préserver et faire connaître aujourd’hui et demain.
Par ailleurs, nous devons veiller à éviter la course aux suréquipements et à leur croissance infinie (dans un monde fini) dans des contextes de surcroit nouveaux liés au dérèglement climatique et à l’effondrement de la biodiversité.
Il faut aussi réfléchir aussi aux problématiques liées au travail précaire ou à temps partiel, largement répandu dans le secteur, ou encore la question, cruciale, des saisonniers, qui, même si elle est abordée, doit être poursuivie et intensifiée.
J’attire aussi votre attention sur la quelquefois dispendieuse course aux publicités dans laquelle se lancent certains territoires dans le but d’attirer un nombre croissant de touristes. Faut-il réfléchir à mieux organiser une vision soutenable de nos territoires ?
Une politique plus écologique du tourisme
Pour notre part, nous aimerions attirer votre attention sur plusieurs objectifs qui pourraient être fixés à une politique plus écologique du tourisme.
- Il faudrait tout d’abord intensifier le tourisme en milieu rural parce que c’est une force de Nouvelle-Aquitaine par rapport à d’autres régions françaises. De très nombreux territoires sont accueillants et ne demanderaient qu’à recevoir plus de touristes. Or, certaines zones sont délaissées, notamment l’été, alors que d’autres sont surpeuplées. Chantier fondamental : travailler à améliorer les équilibres en la matière ;
- Autre point très important et lié, mais en arrière-plan du règlement d’intervention, se pose la question des modes d’accès au tourisme. Ne devrons-nous pas intensifier là aussi des modes d’accès plus doux et collectifs et revoir la sacro-sainte place de l’automobile, des LGV, des aéroports qui restent le modèle dominant au moment des vacances d’été et qui favorisent métropolisation, littoralisation effets tunnel… et pollutions ? Une politique régionale touristique responsable doit favoriser l’isotropie ;
- L’écotourisme, avec le tourisme social et solidaire, est un point qui nous tient aussi particulièrement à cœur. Il convient, selon nous, d’améliorer encore la qualité et la sécurité des emplois dans ce secteur et, peut-être, de faire en sorte que l’écotourisme, qui est aujourd’hui une branche singulière du tourisme dans notre région Nouvelle-Aquitaine, en devienne une part très importante : nous aurions tous à y gagner !
Je souhaite aussi revenir sur la question des normes et des règles, abordée dans l’annexe et les fiches mesures notamment.
Il nous semble important d’encourager les bonnes pratiques en renforçant la politique régionale quant aux écoconditionalités, en décarbonnant assez vite ce secteur notamment. Ces éco-conditionnalités sont la condition sine qua non du développement soutenable de ce secteur.
L’éducation est un autre levier auquel nous croyons fortement. Pour nous, la mise en place, dans le cadre des écoles et des lycées de dispositifs d’éducation à l’environnement est centrale pour permettre l’émergence de comportements citoyens nouveaux et d’esquisser les contours d’un tourisme plus respectueux de l’environnement. Une articulation avec la politique ENEDS doit être construite et consolidée. C’est ici un enjeu majeur pour aborder les transitions.
Alors, oui, évidemment nous voterons POUR cette délibération, mais nous seront force de proposition dans les mois à venir pour ce secteur clef de la transition écologique de nos sociétés.
Pour finir, n’oublions pas que la moitié environ des néo-aquitains ne partent jamais en vacances. Cette question représente un vrai enjeu, car songez que ces personnes qui, aujourd’hui, ne sont pas des touristes pourraient, demain, être les acteurs d’un tourisme à la fois plus égalitaire plus respectueux de l’environnement pour vivre et faire vivre notre Bien Commun !
Je vous remercie.
[Seul le prononcé fait foi]