Intervention relative au partenariat entre la Région et le Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA)
Par Léonore Moncond’huy – Intervention en séance plénière du 27 mai 2016.
Monsieur le Président, M. le vice-président, mes chers collègues,
Vous ne serez pas surpris par le fait que notre groupe votera contre cette délibération de conventionnement avec le CEA. J’ai déjà eu l’occasion de m’exprimer à ce sujet en Commission Enseignement Supérieur et Recherche.
Bien que l’acronyme CEA, signifie désormais Commissariat à l’Énergie Atomique et aux énergies alternatives, son cœur de métier reste avant tout le nucléaire.
Tout d’abord, cette convention avec le CEA prévoit, entre autres, la structuration de la recherche civile sur les lasers grande puissance adossés au Laser Mégajoule couplé au Laser Pétawatt. Nous rappelons que le Laser Mégajoule, d’un coût de plus de 6 milliards d’euros, a pour but d’une part, de garantir la sûreté et fiabilité des armes nucléaires actuelles et d’autre part, de mettre au point de nouvelles têtes nucléaires. Nous contestons donc le principe même de l’existence du Laser Mégajoule car les écologistes ont toujours été opposés à la prolifération des armes nucléaires. En ce jour de commémoration, comme le président Rousset l’a souligné, quelqu’un a dit « Nous avons vécu la douleur atroce de la guerre. Trouvons aujourd’hui le courage, ensemble, de promouvoir la paix dans un monde sans armes nucléaires ». Ce quelqu’un, ce n’est pas un écolo illuminé, c’est Barack Obama. Alors, jouez-la comme Barack, Monsieur le président, Monsieur Blanchard, ne soyez pas complices de la prolifération nucléaire.
Vous me répondrez qu’une partie de la disponibilité de cet équipement est consacrée à de la recherche civile ; mais ce n’est pas de nature à nous faire changer d’avis car cela concourt à donner une image plutôt sympathique d’un équipement dont la finalité ultime est tout de même mettre au point des armes de destruction massive. De plus, cette convention comprend le développement de projets de recherche autour des nanotechnologies, pour lesquelles le principe de précaution n’est absolument pas pris en compte, ce que nous dénonçons.
Si encore il n’y avait que ces motifs… Mais ces projets de recherche sont une aberration financière, comme une aberration technologique.
Le laser Pétawatt a été financé en grande partie par la Région pour 22 millions d’euros sur un coût total de 54 millions d’euros, sans compter les futures dépenses d’exploitation. La convention stipule qu’elle n’aura aucune incidence financière, ce n’est pas tout à fait juste, puisqu’elle encadre la poursuite d’un projet dans lequel la Région a engagé des financements pluriannuels très conséquents.
A fortiori, ces recherches sont vraiment une impasse technologique. Nombre de physiciens, même très favorables à l’énergie nucléaire, doutent de la possibilité d’obtenir un jour cette fusion. L’objectif de toutes les recherches actuelles, c’est espérer de pouvoir produire une bouffée de chaleur pendant quelques minutes à l’horizon 2050. Ne parlons donc pas de l’horizon de potentiels transferts industriels… On voit la hauteur des ambitions affichées, en décalage total avec les financements pharaoniques accordés.
Qui peut croire que l’humanité puisse attendre patiemment la fin du siècle pour bénéficier de ce soi-disant miracle technologique alors que des décisions vitales pour son devenir sur la planète doivent être prises de manière urgente ? Car l’urgence est bien là. Quand bien même la fusion serait un jour disponible, elle arriverait trop tard pour éviter le bouleversement climatique.
Nous devons affronter nos responsabilités et consacrer nos moyens financiers et humains aux solutions disponibles immédiatement ou à court terme et abandonner les chimères de la fusion nucléaire. La priorité des priorités, et la voie de la raison, Monsieur le Président, c’est la transition et énergétique et écologique alliant entre autres, la sobriété avec l’efficacité énergétique et le recours massif aux énergies renouvelables. Vous avez de la chance, vous avez deux vive-présidents écologistes dans votre équipe.
Aussi, pour toutes ces raisons, notre groupe votera contre cette délibération.