Intervention relative à la nouvelle politique régionale de soutien aux initiatives jeunesse
Par Léonore Moncond’huy – Intervention en séance plénière du 10 avril 2017
Cher Président, cher-es collègues,
Le groupe Écologiste et Citoyen salue la mise en route de ce nouveau règlement d’intervention, qui est l’un des outils qui nous tient le plus à coeur parmi tous ceux de la priorité « Jeunesse » qu’entend incarner la Région.
Ce règlement d’intervention fait vivre la politique jeunesse à travers une politique du « temps libre ». Les premiers mots de la délibération sont faits pour plaire à notre oreille : « dans une démarche d’éducation populaire » … Une Région qui s’engage pour l’éducation pour le peuple, par le peuple, dans le cadre de tiers-lieux éducatifs, est une Région qui prend l’éducation à la citoyenneté par le bon bout ! Et nous croyons profondément que le « temps libre » est un droit.
Mais nous ne devons pas oublier que la jeunesse n’est pas égale devant ce « temps libre ». D’aucuns disent même que l’idée de jeunesse est un luxe qui n’est pas offert à tous. Dans Eddy Bellegueule que vous avez peut-être lu, Édouard Louis évoque « Les jeunes femmes caissières […] qui s’habituent aux poignets, aux mains qui se paralysent, aux articulations érodées à l’âge où d’autres débutent des études, sortent le week-end, comme si la jeunesse n’était en rien une donnée biologique, une simple question d’âge ou de moment de la vie, mais plutôt une sorte de privilège réservé à ceux qui peuvent -de par leur situation- jouir de toutes ces expériences ». Engageons-nous pour garantir le droit à vivre une jeunesse pleine et entière, ne faisons pas de l’insouciance, du temps libre et de l’éducation populaire un luxe, réservé à une frange privilégiée des 15-30 ans.
Je m’appuierai donc à la fois sur l’évaluation des politiques ex-aquitaines, et à la fois sur un récent rapport du CESE intitulé « Arrêtons de les mettre dans des cases ! Pour un choc de simplification en faveur de la jeunesse » pour enjoindre notre collectivité, qui est désormais la chef de file en matière de politiques de jeunesse, à aller plus loin, dans une démarche encore plus inclusive : il n’y a pas de « politique jeunesse » ; il doit y avoir une « démarche jeunesse » globale, dont la priorité absolue doit être la simplification des démarches pour les jeunes, pour des parcours plus fluides.
On sait que le taux de non-recours des jeunes les plus fragiles aux aides qui leur sont dues est énorme, du fait de ruptures de prise en charge administratives, d’interlocuteurs trop nombreux et peu coordonnés… La précarité de cet âge de la vie s’accompagne trop souvent de la double peine de devoir assumer des démarches chronophages et complexes, dont on sait qu’elles ne pèsent pas aussi lourd pour tout le monde. Il y a un vrai enjeu de justice sociale à cette simplification.
Engageons-nous donc à faire simple, pour libérer et le temps et l’esprit des jeunes, et encourageons par ailleurs la mixité des publics et le caractère « activement inclusif » des structures que nous finançons via ce règlement d’intervention, afin que leur action bénéficie à la frange la plus large possible de la jeunesse néo-aquitaine, dans sa diversité.
Pour que tous les jeunes néo-aquitains puissent avoir un accès égal au temps libre, pour que les actions d’éducation populaire que nous soutenons jouent vraiment leur rôle d’éducation à la citoyenneté, faisons simple, faisons lisible, faisons inclusif. Pour garantir un droit à la jeunesse pour tous les 15-30 ans.
Je vous remercie.
[Seul le prononcé fait foi]