Intervention de Stéphane Trifiletti sur le soutien à la modernisation des exploitations et ateliers technologiques des établissements agricoles publics

Intervention de Stéphane Trifiletti en séance plénière du 26 juin 2018

Monsieur le président, chèr·e·s collègues,

Les exploitations et ateliers agricoles techniques sont de formidables supports de la transition écologique, seul modèle possible pour relever les défis du siècle par rapport aux 10 limites planétaires définie par Yoann Rockström. C’est sur ce modèle que se construisent les modèles prospectifs les plus vertueux comme le scénario Afterres 2050.

Cet appel à manifestation d’intérêt peut être un levier essentiel de la transition agro-écologique et nous tenons à souligner l’excellent signal porté ici avec, nous l’espérons, une augmentation demain du dimensionnement notamment financier  de ce programme voire un appel à projet qui permettrait un meilleur cadrage.

Lors d’un récent conseil d’exploitation dans un lycée agricole du 30 mai, l’analyse de quelques chiffres  montrait par exemple que sur un blé tendre conduit en bio on dégage la plus forte marge nette par unité de production : 17 € par hectare pour le blé conventionnel, 149 € par hectare pour un blé conduit en agriculture biologique. Un exemple encore parmi beaucoup d’autres qui montre la cohérence de l’entrée économique par rapport AB sur ces exploitations, et je ne parlerai pas ici de toutes les aménités positives sur l’eau, la biodiversité ou la diminution d’utilisation de produits phytosanitaires, largement abordés depuis le début de cette plénière.

Mais j’en arrive à l’essentiel de mon propos : le rôle central de ces structures pédagogiques dans la modernisation et l’innovation. Leur exemplarité passe aussi par une réflexion sur le foncier et les signaux que peut (doit) susciter la Région (les exploitations des lycées agricoles sont gérées par la Région).

Ces espaces sont de formidables supports  pour construire des ponts durables entre tous les néo-aquitains et le monde agricole.
Dans les réflexions présentes et futures, l’appel à manifestation d’intérêt (AMI) doit permettre aussi de travailler avec l’ensemble des acteurs des territoires sur le foncier, et notamment le foncier à proximité des espaces publics et des habitations.

Nous devons favoriser à court terme via ces AMI la conversion vers l’agriculture biologique de toutes les parcelles situées à proximité immédiate des habitations afin :

  • d’être en cohérence avec les politiques publiques notamment la loi Labbé  pour protéger la santé des riverains et usagers ;
  • de résoudre les problèmes sociétaux générés par les traitements phytosanitaires dans et aux abords des espaces publics et des habitations ;
  • de réfléchir à la constitution d’îlots permettant de mobiliser des moyens agronomiques et mécaniques adaptés à l’efficacité de la conduite en AB, et ainsi d’offrir ainsi aux apprenants comme à la profession agricole une exemplarité technique et économique sérieuse et crédible ;
  • de conférer une image de qualité à nos des produits et nos paysages pour le plus grand nombre ;
  • de limiter la perte de foncier par un biais auquel on pense peu : demain la bien plus difficile acceptation sociétale de l’urbanisation de parcelles conduites en AB, et pourquoi pas en outre faisant l’objet de plantations agroforestières ou de retour à des systèmes fourragers traditionnels non dépendant de l’extérieur.

On  protège mieux ce que l’on aime, on (péri)urbanise moins et mieux ce que l’on aime. C’est aussi une piste à articuler avec la stratégie foncière votée hier.

Le groupe écologiste et citoyen pense que cette question foncière des exploitations agricoles est un levier d’intervention essentielle de notre collectivité. Elle doit être gérée au global et s’articuler dans ses différentes politiques, à l’interface de l’agronomie, du foncier et de l’environnement, au service du vivre mieux des habitantes.

Je vous remercie.
[Seul le prononcé fait foi]