Intervention de Lionel Frel : plan de relance/décision modificative du budget primitif 2020
Monsieur le président, cher.e.s collègues,
La décision modificative qui nous est présentée aujourd’hui est la plus importante de la mandature. C’est quasiment, par son ampleur, un budget supplémentaire, et c’est pourquoi sans demander de la voter par chapitre, nous signalerons un vote contre un chapitre.
Après le plan d’urgence de juillet qui a consacré 118 millions, c’est aujourd’hui 124 millions d’euros qui sont engagés.
Face à une crise sanitaire, économique, sociale, voire sociétale, cette délibération modificative montre la mobilisation du Conseil régional pour apporter des réponses concrètes d’urgence aux Néo-Aquitains, et d’abord aux entreprises.
D’abord aux entreprises, mais peut-être pas assez aux autres acteurs. Il nous faut aider encore davantage le secteur associatif, celui de l’ESS, soutenir davantage les artistes, parce qu’ils sont aussi créateurs de richesse et essentiels à notre société.
Un mot sur nos recettes, en partie assise sur la TVA et sur la TICPE. En 2020, nous sommes en récession avec un PIB qui sera de – 10 %. La consommation sera atone et impactera donc nos recettes. Cela doit nous inviter à interroger notre modèle de société basée sur une croissance effrénée.
Il n’est plus tenable ? Pas seulement parce que nous vivons dans un monde aux ressources finies, mais aussi parce que la croissance à plus de 1,5% n’existe quasiment plus en France depuis les années 2000 et qu’il faut en finir avec ce mythe de la croissance infinie.
Non seulement notre économie est incapable de répondre aux défis de la perte de biodiversité et de dérèglement climatique, mais elle n’arrive plus à être performante et surtout elle n’est pas résiliente : un simple virus invisible à l’œil nu met à bas l’ensemble du système économique mondial tant l’hyperspécialisation et la mondialisation le rendent hyper fragile.
Nous ne pouvons plus continuer d’ignorer cette réalité et réfléchir à ce que peut être une économie dans un contexte de post-croissance. Nous ne pouvons plus continuer de coller des rustines sur les trous béants de secteurs dépassés et de certains projets d’un autre temps, tels que Center Parc, que l’on retrouve malheureusement dans cette décision modificative à hauteur de 4 millions d’euros. Nous devons réorienter nos efforts vers la transition écologique et énergétique.
Les conseillers régionaux écologistes demandent depuis fort longtemps la mise en place réelle des éco-conditionnalités et des socioconditionnalités. Nous perdons l’occasion dans ce plan de les mettre en place. Mais pourquoi donc ? Est-il si terrible que cela que de dire que nous sommes prêts à aider les entreprises, les associations, mais qu’en échange des engagements doivent être pris et tenus ?
Cette délibération modificative montre aussi que nous sommes encore dans un plan d’urgence et non un plan de relance. La plupart de l’effort consenti provient de redéploiement de crédits. Hors, le redéploiement n’est pas créateur de richesses.
Ce qui est redéployé dans un secteur va créer des valeurs dans ce secteur mais va en annuler ailleurs. Pour certaines politiques il faudra donc que ces dépenses annulées soient reconduites dès 2021, notamment pour la transition énergétique et écologique : dans le pilier 4, près de 30 millions de dépenses sont annulées pour seulement 3 millions de dépenses nouvelles.
Nous voterons cette délibération modificative parce qu’il nous fallait répondre urgemment aux conséquences économiques dramatiques, nous la voterons d’abord pour les salariés de certaines entreprises.
Monsieur le président, vous voudrez bien noter toutefois notre vote contre la ligne du chapitre 999 contenant l’aide de 4 M€ au Center Parc.
Depuis le début de la séance, nous avons eu droit au qualificatif de « khmers verts », nos positions et les solutions que nous portons ont été qualifiées de « doxa, catéchisme, dogmatisme, et même de fatwa ».
En nous insultant, chers collègues de l’extrême-droite, c’est l’ensemble des militants et des citoyens pour le climat que vous insultez.
Chers collègues des autres groupes, en utilisant un vocabulaire qui porte le débat sur le plan religieux, c’est le travail des scientifiques, en premier lieu, ceux du GIEC et des écologues, que vous niez.
Nous attendons à un débat public de haute teneur et nous appelons à faire appel à des arguments structurés et non des formules à l’emporte-pièces.