Intervention de Léonore Moncond’huy sur la Charte Européenne pour l’égalité des femmes et des hommes dans la vie locale

Par Léonore Moncond’huy – Intervention en séance plénière du 19 décembre 2016

Monsieur le Président, cher-es collègues,

Nous voterons, bien sûr, pour la signature de cette Charte Européenne pour l’égalité des femmes et des hommes dans la vie locale, et nous souhaitons souligner qu’elle constitue une bonne illustration de ce que l’Europe peut apporter de positif en matière de droits sociaux et de droits fondamentaux.

Quand bien même ce thème peut sembler assez consensuel aujourd’hui, je rejoins ma collègue du FN sur le fait qu’il serait dommage qu’elle ne reste qu’une coquille vide. En effet, ce serait dommage, dans un contexte un peu années 50, un peu « nostalgie », où…

  • On entend dans la bouche d’un présidentiable que « l’avortement concerne uniquement les femmes », sans parler de votre propre vision qui me fait douter de la notion de « liberté de la femme française » que vous promouvez ;
  • Où l’on instrumentalise comme vous le faites la question des femmes pour stigmatiser une religion en particulier ;
  • Une femme politique a reconnu ne pas avoir été Ministre car elle était enceinte : le point 3 de la Charte engage la collectivité sur la prise en compte de la lutte contre TOUS les facteurs de discrimination ;
  • Dans un contexte, aussi, où les primaires des deux grands partis politiques comportaient moins de 20% de femmes :  le point 2 de la Charte engage la collectivité sur « la représentation et la participation équilibrée des femmes et des hommes dans toutes les sphères de décision ».

Bref, je ne vais pas m’étendre sur les exemples, mais force est de reconnaître que si l’égalité de droits est en passe d’être atteinte, l’égalité des représentations, notamment, reste à atteindre. Dans ce contexte, nous appelons donc ce texte à être une déclaration réellement engagée, et au nom de mon groupe je demande à ce que la Région s’engage au-delà des mots, dans un Plan d’action réellement militant.

Soutenir les associations œuvrant pour les femmes, c’est bien. Mais ça revient à dire que la question de l’égalité hommes-femmes, c’est un problème sectoriel, un problème de « bonnes femmes » en somme.

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Il nous faut donc un plan d’action qui nous permette d’abord de dire que OUI, l’égalité de droits est réelle dans TOUS les volets notre institution et dans les projets que nous soutenons.

Il nous faut des questions concrètes pour nous servir d’aiguillon : ­

Des systèmes de prise en charge de la garde des enfants pour les élues pendant les réunions tardives existent-ils ?

  • La féminisation de nos documents est-elle effective ? ;
  • Allons-nous mettre en place, comme le prévoit la Charte, une procédure pour reporter les cas de harcèlement et de discrimination, et un climat de confiance pour les prévenir ? ;
  • Allons-nous systématiser dans nos appels à projets des critères de priorisation pour les entreprises ou des associations qui seraient réellement paritaires dans leurs organes de direction ? ;
  • La parité existe-t-elle dans les postes de direction de l’organigramme que notre Région conçoit en ce moment ?

En effet, si dans la société à fonction égale des disparités salariales persistent, dans notre petit monde régional, dans des postes de direction ou dans les conseils d’administration n’est pas malheureusement pas encore une réalité. La parité imposée peut sembler trop rigide, mais c’est une étape nécessaire pour que l’égalité entre femme et hommes soit une réalité.

Ce plan d’action doit servir de plaidoyer pour une évolution sensible de nos pratiques souvent inconscientes

Aujourd’hui, hormis une Assemblée pilotée par un « bon père de famille », et un logo un peu viril, rien à déplorer… Mais je n’apprendrai à personne que l’on peut encore progresser sur le sexisme qui règne parfois dans notre assemblée et dans nos murs. Les petites blagues qu’on ne ferait peut-être pas à son collègue masculin… Et dans les grosses voix qui s’élèvent, depuis ce matin, depuis le début du mandat, combien sont des femmes ? Un outil de mesure du temps de parole des unes et des autres serait utile… et peut-être fort instructif !

Il nous reste du travail quant à l’égale occupation de l’espace public, de l’espace politique dans notre assemblée et dans nos réunions, des femmes et des hommes.

En signant cette Charte, la Région s’engage à favoriser, à son échelle et dans son champ de compétences, une société réellement égalitaire. Elle a un devoir d’exemplarité en la matière. Nous attendons donc avec impatience mais avec confiance le Plan d’Action à venir.

Je vous remercie.

[Seul le prononcé fait foi]