Intervention de Katia Bourdin sur le partenariat entre le Centre régional résistance et liberté de Thouars
Séance plénière du 29 mai 2020
Monsieur le Président, cher.e.s collègues,
Il ne va pas vous étonner que les écologistes souhaitent s’exprimer sur la valorisation du patrimoine, pas seulement patrimoine naturel, mais aussi patrimoine historique et culturel.
Si les générations à venir sont notre boussole, héritage des générations passées doit guider nos choix. Participer à édifier la mémoire pour lutter contre l’oubli et le déni apparaît comme une priorité politique aujourd’hui dans cette quête de sens qui nous habite.
Par ailleurs, promouvoir la valorisation du patrimoine mémoriel est un levier de développement des territoires que le contexte de la crise de la Covid, nous amène à re-interroger.
C’est le sens de cette délibération, visant à structurer le partenariat entre la Région et le Centre régional résistance et liberté de Thouars, doté d’une subvention annuelle de 35 000 euros au titre des grands organismes de valorisation du patrimoine et qui pourrait devenir la tête de réseau dont notre région a tant besoin.
C’est ce que fait la Région en soutenant des initiatives territoriales, comme à Rouillé, pour la valorisation du camp d’internement ou à La Capelle-Biron, en mémoire notamment, à la rafle du 21 mai 1944.
En effet, la politique volontariste engagée par la Région en faveur du patrimoine mémoriel a encore de nombreuses pages à écrire pour valoriser les lieux de mémoires dont notre Région est particulièrement riche, terre de mémoire de la résistance française, mais aussi terre d’internement, de déportation, en partie terre d’occupation et de libération.
Parmi ses sites, à la fois avec des lieux martyrs comme Oradour, qu’avec des lieux comme les nombreux maquis de notre Région qui participent à véhiculer des valeurs fortes de citoyenneté pour Néo-Aquitains, plus particulièrement notre jeunesse, et les visiteurs ou touristes de notre région.
Cette richesse justifie le soutien à de nombreux projets de parcours mémoriels des conflits de la seconde guerre mondiale, comme celui de Nexon à Saint-Paul ou celui que porte l’association mémoire vive de La Capelle-Biron, reprenant le parcours de la division de la Das Reich (printemps 1944) de Villeneuve-sur-Lot à Oradour-sur-Glane. Des parcours promus et facilités évidemment avec des outils numériques et pédagogiques, comme le geocaching, évidemment, qui se fait déjà à l’initiative des territoires.
Cette richesse justifie une véritable structuration d’acteurs réunis autour d’un même objectif d’information et de pédagogie œuvrant pour la mise en réseau, la contribution à des collaborations fructueuses entre les associations mémorielles, les musées, les comites scientifiques d’universitaires, les enseignants, comme le réseau des musées de la résistance du massif central où le réseau Memorha en Rhône-Alpes.
Notons également l’exemple très inspirant à l’échelle d’un département de la VRID, mémorial dans la Vienne, une tête de réseau départementale qui permet d’informer, proposer un inventaire des lieux de mémoire, créer les outils numériques interactifs permettant l’accès aux ressources, aux collections des musées, aux archives qui sensibilise activement en développant des outils pédagogiques numériques.
Inspirons-nous de ces belles initiatives, finançons un inventaire de tous les maquis de Nouvelle-Aquitaine, il n’existe pas à ce jour !
Comment expliquez-vous que la Région soit la seule de France à voir la fréquentation des lieux de mémoire chuter entre 2017 et 2018 (années du centenaire de l’armistice de la première guerre mondiale) ? C’est -9% alors que la progression est en moyenne de + 7% au national, dans cette dynamique exponentielle du tourisme de mémoire qui intéresse de nombreuses études d’Atout France et de nombreux Centre régionaux du tourisme français qui voient dans cette dynamique, pas seulement une quête de souvenirs et d’émotions et participent à structurer la filière
Alors cher.e.s collègues, cher président, ne boudons pas notre devoir de mémoire, participons activement et fièrement à comprendre le passé pour interroger le présent et préserver l’avenir.
Rendons hommage au travail extraordinaire des associations, des bénévoles, des passionnés, des travaux de recherches monumentaux pour transmettre aux générations qui viennent.
A l’heure où nous devons réinventer et encourager pour la Région des modes de valorisation des territoires moins polarisés sur les grands pôles d’attractivité, plus durables et plus respectueux. A l’heure où nous perdons les dernières grandes figures régionales de la résistance, témoins en chair d’une histoire.
Rendons hommage à Ida Grinspan, héroïne identifiée sur les terres des Deux-Sèvres.
Rendons hommage encore cette semaine au défunt Roger Daviaud, l’un des derniers maquisards de Scevolles, figure emblématique de la Résistance dans le Loudunais.
Rendons hommage pour faire plaisir à tou.tes les élu.e.s de la collectivité au Général de Gaulle qui disait « la flamme de la Résistance ne doit pas s’éteindre et ne s’éteindra jamais ».
Alors, sans céder à la mise en spectacle indécente et la disneylandisation ou du tourisme macabre autour des lieux martyrs, luttons contre le déni, porte ouverte à toutes les horreurs dont ces lieux témoignent.
N’ayons pas peur de faire de ces lieux de mémoire des lieux de vie, de sociabilité et d’échange, célébrons comme nous l’avons fait cette semaine la journée de la résistance, organisons des temps forts autour de la semaine des musées et mémoriaux des conflits contemporains, accueillons, par exemple des artistes en résidence, inventons des itinéraires cyclables autour de ces chemins de la mémoire mais surtout, surtout, ne laissons pas le silence s’installer et pour cela, encourageons la structuration et l’animation d’un musée vivant en Nouvelle-Aquitaine à ciel ouvert et sur la toile avec une vraie tête de réseau des lieux de mémoire.
C’est urgent !
Je vous remercie.
[Seul le prononcé fait foi]
Inventaire et bibliographies
- Les cérémonies annuelles organisées par l’association nationale des anciens combattants de la résistance (ANACR), comité Nord Haute-Vienne, à la mémoire des Résistants morts pour la France dans les combats d’août 1944
- Centre de la mémoire du village martyr d’Oradour-sur-Glane
- Musée de la résistance de Limoges
- Musée de la Résistance de Peyrat-le-Château est situé à 50 km à l’est de Limoges
- Camps d’internement de Nexon (attache au souvenir de la rafle en 1942 de 478 juifs)et St Paul.
- Camp de Boussac et Séreilhac
- Mont Gargan : bataille maquis / allemands
- Association mémoire vive dans le lot et Garonne / rafle du 21 mai 1944.
- Cimetière des gueules cassées, des oubliés” dit aussi “Cimetière des fous” est adossé à l’ancien hôpital psychiatrique à Cadillac
- Le camp d’internement de Gurs, en Béarn
- Centre national jean Moulin à Bordeaux
- Camp de Mérignac, de Libourne
- Les bases sous marine de Bordeaux et La Rochelle
- Le bunker de La Rochelle comme lieu d’occupation
- Camp d.internement de Rouillé
- https://www.lanouvellerepublique.fr/loudun/le-maquis-de-scevolles-perd-une-figure-emblematique?queryId%5Bquery1%5D=57cd2206459a452f008b4594&queryId%5Bquery2%5D=57c95b34479a452f008b459d&page=0&pageId=57da5cf9459a4552008b4b1b
- l’Université des Sciences Humaines de Poitiers, son laboratoire du C.R.I.H.A.M. dirigé par M. Guillaume BOURGEOIS (professeur d’histoire contemporaine, Université de Poitiers).
- Réseau MMCC https://www.defense.gouv.fr/content/download/438183/6830052/file/plaquette_rmmcc.pdf
- Réseau memorha https://memorha.hypotheses.org
- Epsilon rapport Atout France sur tourisme mémoriel. Retombées économiques en progression de 7%, qui compte 13,7 M visites en 2018 et 20 M de touristes. +28% de fréquentation des scolaires.