Intervention de Jean-Louis Pagès : renouvellement du contrat de partenariat entre la Région Nouvelle-Aquitaine et Thalès

Monsieur le président, cher.e.s collègues,
Sans surprise nous ne voterons pas cette délibération de partenariat avec le fer de lance de la filière aéronautique, spatial et défense (ADS) qu’est Thalès et l’ambition de créer un « écosystème » je cite « innovant, pérenne et performant » ce qui est le moins qu’on puisse en attendre.
Nous sommes très attentifs au poids de ses 4000 salariés répartis sur ses sites de notre Région et ses sous-traitants, d’autant plus que les incitations régionales poussent tout notre tissu industriel de PME vers les filières aéronautiques. Cette politique s’est poursuivie depuis des années, en dépit de nos avertissements sur l’impasse inéluctable de la filière. Nous avouons que nous ne pensions pas que le crash arriverait si vite et de façon si violente, via la catastrophe épidémique dont chacun connaît les origines liées à la chute de la biodiversité et notre rapport faussé au vivant.
Mais organiser la résilience proclamée n’est pas poursuivre dans les mêmes errements et sans mesurer les conséquences sociétales d’engager des entreprises à concevoir des composants pour l’armement et à l’aéronautique civil et militaire.
Ce contrat prévoit que des groupes de travail soient mis en place pour aider à financer des projets de Thalès ou de ses partenaires. Tout ce qui est décrit pour ranimer un partenariat qui s’est éteint en mai 2018, il y a trois ans, est tellement vague que nous avons du mal à nous en faire une idée : on nous y fait miroiter des formations « redoutablement efficaces »(sic), je ne sais pas si les apprenants ont vraiment quelque chose à redouter, mais pour notre part vous nous permettrez de douter de l’intérêt de cette délibération bien floue.
Nous déplorons l’absence d’évaluation politique des projets, et je vais prendre pour l’illustrer l’exemple de l’animation du cluster de drones AETOS, avec la mise en place de l’AMI Drones City. Nous nous sommes déjà positionnés sur le type de ville où des drones vont survoler – et surveiller- nos rues pour livrer des produits fournis depuis les entrepôts de Cdiscount et Amazon, et pilotés grâce à des constellations de satellites en orbite basse.
Ce que désirent les écologistes est un monde apaisé, prospère et convivial, que ce ne sont pas les lobbies aéronautiques ou militaro-industriels qui doivent nous imposer un monde de drones et de 5G en faisant du chantage à l’emploi. Nous croyons à la primauté des projets politiques, sur la marchandisation du monde, et à la capacité des assemblées élues d’enclencher des mutations à long terme, pour peu qu’elles veuillent jouer leur rôle.
Ce partenariat n’en est pas l’augure, nous allons donc nous abstenir.
Je vous remercie.
[Seul le prononcé fait foi]