Intervention de Jean-Louis Pagès : feuille de route cybersécurité 2020-2022 de la Nouvelle-Aquitaine, territoire de la confiance numérique

Séance plénière du 3 juillet 2020
Monsieur le Président, cher.e.s collègues,
Je voudrais profiter de l’opportunité de cette délibération qui est présentée comme le complément sécuritaire de la feuille de route de l’économie numérique, avec un focus limité aux risques économiques encourus par l’entreprise,  pour faire quelques remarques sur l’approche politique qui est adopté.
En fait notre position sur le numérique semble assez résignée en quelque sorte puisqu’elle se borne à constater dans le préambule de cette délibération« que la transformation numérique de la société est inéluctable du fait de sa dépendance aux Systèmes d’information et aux Réseaux de communication ».
Effectivement la feuille de route que nous avions adoptée avait pour seul objectif de «créer de la valeur et de l’emploi» en choisissant d’amplifier un mouvement de toute façon jugé hors de contrôle, « une force permanente de changement mais qui ne poursuit pas d’objectif collectif particulier », selon l’expression de Brancou et Kaplan dans un rapport de mars 2019.
Pour notre part, nous proposons que la Région favorise de façon prioritaire la convergence de ces lignes de forces vers l’objectif de transition de Neo-Terra, en essayant donc de ne pas financer celles qui divergent, dans le domaine écologique ou le domaine social.
Nous réclamons donc d’ajouter à la feuille de route du numérique – curieuse feuille d’une route qui plutôt que d’indiquer une direction, se propose seulement d’y aller plus vite – d’ajouter un volet ou plutôt une boussole qui pointerait vers cette Neo Terra que nous désirons.
On y prendrait en compte la capacité de chaque projet à diminuer l’empreinte écologique , directe (économie d’énergie, de matières, recyclage, etc.) mais aussi induite, l’empreinte qu’elle permettra d’économiser (IT for Green) et enfin l’évaluation de l’impact sociétal de sa mise en œuvre.
Et il existe par exemple un impact sociétal qui est lié a une autre forme de vol des données individuelles, c’est celles que captent les entreprises aux personnes elles-mêmes, et c’est bien une autre forme de cybercriminalité : celle des bigdata traitées par les GAFAM.
La protection prévue par la RGPD implique qu’on ne peut obtenir des données  que pour une finalité particulière, et pour une durée limitée et d’un utilisateur éclairé et consentant. Or les bigdata fondent leur modèle économique sur le datamining et le profilage qui recueille le maximum des données quelles qu’elles soient pour les conserver et les réutiliser.
Partagées par des transnationales, sans aucun contrôle supranational, ces gigantesques  quantités de données sont utilisées pour des logiques commerciales, et potentiellement de surveillance, ce qui en fait la plus  grande menace qui n’a jamais pèse sur les libertés individuelles, tant elle structure la société du 21e siècle.
Nous pensons qu’une feuille de route de sensibilisation à la protection des données individuelles serait bienvenue.
Je vous remercie.
[Seul le prononcé fait foi]