Intervention de Jean-Louis Pagès sur le repositionnement touristique du Lac de Vassivière en séance plénière du 10 avril 2020
Monsieur le Président, chers collègues,
Les écologistes ne sont pas sûrs de l’urgence de voter cette délibération, mais ils sont en revanche persuadés que les régimes d’urgence peuvent devenir un bon prétexte pour laisser agir en évitant de réfléchir. Et pourtant le dossier de Vassivière en fournit la matière, dans la période dramatique que nous vivons.
Il montre déjà que c’est seule une région de taille de la nôtre qui peut tenir une gageure de 40 M€, plus que n’avait pu jamais pu faire faute de moyens l’ex-Région Limousin, pour une installation touristique aux confins de la Creuse et de la Haute-Vienne, à l’orient extrême de la Nouvelle-Aquitaine.
Ce nouveau projet de tourisme respectueux de la nature est une réponse à la crise sanitaire actuelle née de l’oubli de la nature et de la dissémination explosive de la pandémie due aux transports aériens ; une réponse possible à l’industrie touristiques de masse de prétendues « merveilles du monde » que chacun devrait pouvoir visiter, avec des conséquences catastrophiques : si d’ici 20 ans les 10 milliards d’humains veulent contempler ce catalogue formaté des « 100 merveilles de monde », ce sont 2000 milliards de vols à programmer soit 1000 fois plus qu’aujourd’hui, et des destructions irréversibles.
Des sites comme le lac de Vassivière pouvant au contraire proposer un récit alternatif de vacances, se sont toujours heurtés aux écueils de rentabilité, conséquence de la saisonnalité réduite destinations rurales ; et ici accentués par la mise en concurrence de l’activité humaine de loisirs avec la production prioritaire d’énergie pour refroidir les circuits secondaires de la centrale de Civeaux, faisant baisser l’eau du lac à la plus belle saison limousine où les forêts se parent des couleurs automnales.
Nous venons de vivre les dix derniers mois les plus chauds jamais enregistrés, la crise sanitaire nous ayant fait oublier une autre facette de l’urgence écologique, le réchauffement climatique qui s’amplifie inexorablement : l’étiage va chaque année être plus visible et précoce.
Le choix qui a été fait est donc courageux puisqu’il tente de s’affranchir de contraintes inhérentes à la création du lac de Vassivière et de s’en affranchir sans toutefois leur tourner le dos, pour en faire un projet touristique de territoire, et jusqu’à Aubusson. C’est donc une ambition de tourisme écologique exemplaire que nous tenions à saluer.
Je vous remercie.
[Seul le prononcé fait foi]