Intervention de Christine Seguinau : plan de transition et de reconquête technologique (volet 2 : adaptation et transformation des filières régionales)



Monsieur le Président, cher.e.s collègues,
Président, il y a un an vous aviez souligné que nos plénières étaient trop chargées et le débat pas toujours réel.
Aujourd’hui, rien ne semble avoir changé, en particulier avec ce plan de transition et relance technologique. En effet, notre assemblée doit se prononcer sur cette délibération de 368 pages disponibles très tardivement (mardi soir), empêchant toute possibilité de proposer des amendements (seulement deux jours avant l’envoi). Et vendredi en fin de journée, ce sont 286 nouvelles pages et un document de 83 pages qui sont venus enrichir notre réflexion !
Comment imaginer un débat de qualité et une connaissance précise du contenu !
Il y a urgence à relever le défi climatique et à répondre aux crises sanitaires et économiques qui ne font que débuter. Mais il y a urgence également à avoir plus de démocratie et de transparence. Prendre un peu de temps et échanger nous aurait permis d’avoir un plan de transition encore plus pertinent et opérationnel, la prochaine plénière étant dans 6 semaines !
Sur le contenu du plan lui-même, si nous saluons l’articulation des actions avec notre feuille de route NéoTerra et le décloisonnement des actions des filières, bien des mesures sont encore trop cosmétiques, voire carrément incompatibles avec les enjeux de la transition écologique.
Notre groupe regrette que la dimension « Transition » ne soit pas davantage au centre. Je prendrais trois exemples :
  • D’abord, le soutien à l’avion « vert ». Souhaiter un retour à la normale d’ici 3 à 5 ans, c’est non seulement utopique, mais cet aveuglement est même dangereux. Quand l’avion à hydrogène volera, il sera trop tard pour sauver le climat. L’aéronautique comme avant, c’est fini. Il aurait été préférable d’accentuer les aides à la reconversion.
  • Ensuite, le numérique. Alors que l’opinion public réclame un débat sur la 5G pour clarifier les enjeux environnementaux et socio-techniques liées à cette technologie, la Région se prépare à soutenir le développement de futures applications. Ce n’est pas la bonne méthode.
  • Enfin, l’économie sociale et solidaire, qui devrait être un levier structurant dans plusieurs filières, n’est mobilisée que ponctuellement.
Nous souhaitons porter un point de vigilance : les forêts et nos ressources alimentaires ne doivent pas être transformées en matières premières pour l’industrie !
Nous souhaitons néanmoins saluer plusieurs mesures qui vont dans le bon sens :
  • Les acteurs de la filière cuir/textile ont des actions très riches et sont forces de propositions ;
  • Pour le nautisme, le soutien à la recherche pour verdir les flottes et à la formation est une très bonne chose pour préparer le futur en transportant des personnes et des marchandises en alternative aux transports plus classique ;
  • Relocalisation des activités de l’industrie pharmaceutique et les matériels de base, comme les masques, va permettre de créer des emplois durables et des approvisionnements en circuit court ;
  • Nous sommes également très satisfaits du projet d’articuler la production et le recyclage des batteries ;
  • Soutien aux TPE et PME pour développer des alternatives aux géants du commerce en ligne ;
  • Toutes les actions en faveur de la Culture sont positives mais la Région, comme toutes les collectivités, doivent changer de logique désormais et ne plus subventionner uniquement les projets, mais les faire émerger. Seule la commande publique permettra d’atténuer l’impact d’une saison 2020 anéantie.
  • Et pour finir, nous soutenons pleinement les ambitions sur le train dans la continuité des actions lancées (Ferrocampus) ou de nouvelles comme le E-PowerTrain. Mais nous regrettons que les actions en faveur des mobilités douces ne soient pas plus étayées : la meilleure façon de décarboner nos transports, c’est encore de permettre à chacune et chacun de marcher et pédaler en toute sécurité.
Malgré ces points positifs, trop de mesures dans ce plan sont incompatibles avec une Région résiliente et écologique pour que nous puissions le soutenir totalement. D’autant que, malgré de nombreuses demandes de notre groupe, les aides ne sont toujours pas soumises à des critères d’écosocioconditionnalité.
Pour toutes ces raisons, notre groupe s’abstiendra sur cette délibération.
Je vous remercie.
[Seul le prononcé fait foi]