Hyperloop : une entourloupe financière, technique et écologique

Communiqué de presse
Groupe écologiste et citoyen
au Conseil régional de Nouvelle-Aquitaine
16 mars 2018

Les élu-e-s écologistes du Limousin ont mené l’enquête sur l’Hyperloop, censé transporter des voyageurs dans des capsules qui parcourent un tube dépressurisé à des vitesses supérieures à 1 200km/h, la vitesse du son. Le résultat de ces recherches est accablant : coûts hors d’atteinte, destruction de l’environnement, sans compter les réserves émises sur la technologie elle-même.

Les promoteurs du projet Hyperloop exercent depuis quelques mois un lobbying intense auprès des collectivités et des médias, notamment en Limousin mais aussi à Toulouse ou dans la région des Pouilles (Italie). Objectif : décider les élu-e-s à engager des fonds publics pour développer une technologie qui répondrait aux besoins de mobilité des habitant-e-s des territoires.

En Limousin, la société canadienne Transpod promeut ainsi l’idée d’une liaison par tube entre Limoges et Paris. Selon des déclarations récentes de cette société, une telle ligne coûterait entre 15 et 27 milliards pour couvrir les 400 km qui nous séparent de la capitale. Un coût prohibitif, quand on sait  l’état des finances publiques en matière de transports. Les projets de nouvelles LGV butent sur l’impossibilité à être financée, par exemple pour 9 milliards concernant le GPSO (lignes Bordeaux-Toulouse et Bordeaux-Espagne) qui risque bien de connaître le même sort que la Poitiers-Limoges.

Concernant l’aménagement du territoire, toutes les études sur les transports directs à grande vitesse entre grandes villes montrent qu’elles aboutissent à une métropolisation et à la désertification des villes moyennes, des centre-bourgs et des campagnes.

En termes d’environnement et d’aménagement du territoire, ce projet serait catastrophe. La construction de l’infrastructure nécessiterait la largeur d’une autoroute, surplombée par d’énormes pylônes en béton tous les 25 mètres, sans compter tous les ouvrages d’art nécessaires pour réaliser un chenal parfaitement rectiligne pour le « tube ». Avec comme corolaire des destructions massives d’espaces naturels et de terres agricoles.

Enfin, la technologie elle-même est si peu aboutie qu’on peut se demander pourquoi des promoteurs mettent autant d’empressement à la « vendre » aux élus. La vitesse annoncée, censée faire l’intérêt de l’hyperloop, pose d’infinis problèmes de confort et de sécurité. Comme le souligne malicieusement Alan Levy, un mathématicien spécialiste des transports « ce n’est pas un moyen de transport, c’est un voyage de tous les vomis ».

Plusieurs rapports d’expertises pointent les délais très longs et l’incertitude même entourant son transfert technique et son industrialisation, ce qui n’empêche pas certains promoteurs d’annoncer comme imminent la réalisation d’un prototype en France. Il est vrai qu’ils le font depuis Abou-Dahbi, où ils essaient de vendre l’étude d’un Hyperloop …

Au lieu de courir après la chimère de l’hyperloop, nous pouvons consacrer l’argent public à la rénovation des infrastructures existantes pour une mobilité facilitée et la vitalité de nos territoires. C’est ce que souhaitent les élus écologistes du Limousin.

Groupe écologiste et citoyen au Conseil régional de Nouvelle-Aquitaine