Hyperloop : 2 millions d’euros de fonds européens gaspillés pour une entourloupe
Communiqué de presse 13 février 2020
Les élu·e·s écologistes régionaux maintiennent leur vigilance sur le dossier de l’hyperloop et alertent sur le gaspillage de 2 millions d’euros de fonds européens FEDER gérés par la région Nouvelle-Aquitaine, pour la création d’un pôle de compétence et d’un centre de tests sur la recherche et l’innovation en transports à très grande vitesse hyperloop.
Dès le mois de mars 2018, les élu·e·s écologistes du Limousin avaient mené l’enquête sur l’hyperloop, censé transporter des voyageurs dans des capsules qui parcourent un tube dépressurisé à des vitesses supersoniques de plus de 1 200 km/h. Le résultat de ces investigations est accablant : coûts exorbitants, destruction massive de l’environnement pour une technologie dangereuse et non encore maîtrisée et un trafic-voyageurs dérisoire correspondant au maximum à deux rames de TGV par jour.
Les promoteurs du projet hyperloop ont exercé depuis des mois un lobbying intense auprès des collectivités et des médias, notamment en Limousin mais aussi à Toulouse ou dans la région des Pouilles (Italie). Objectif : décider les élu·e·s à engager des fonds publics pour développer une technologie qui répondrait aux besoins de mobilité des habitant-e-s des territoires.
En Limousin, la société canadienne Transpod promeut ainsi l’idée d’une liaison par tube entre Limoges et Paris. Selon des déclarations de cette société, une telle ligne coûterait entre 15 et 27 milliards pour couvrir les 400 km qui nous séparent de la capitale. Un coût prohibitif, quand on sait l’état des finances publiques en matière de transports : pour mémoire, les projets de nouvelles LGV et les 9 milliards d’euros nécessaires du GPSO lignes Bordeaux-Toulouse et Bordeaux-Espagne, butent sur l’impossibilité à être financés.
Concernant l’aménagement du territoire, toutes les études sur les transports directs à grande vitesse entre grandes villes montrent qu’elles aboutissent à une métropolisation et à la désertification des villes moyennes, des centre-bourgs et des campagnes.
En termes d’environnement et d’aménagement du territoire, ce projet serait une catastrophe. La construction de l’infrastructure nécessiterait la largeur d’une autoroute, surplombée par d’énormes pylônes en béton tous les 25 mètres, sans compter tous les ouvrages d’art nécessaires pour réaliser un chenal parfaitement rectiligne pour le « tube ». Avec comme corollaire des destructions massives d’espaces naturels et de terres agricoles.
Enfin, la technologie elle-même est si peu aboutie qu’on peut se demander pourquoi des promoteurs mettent autant d’empressement à la « vendre » aux élu·e·s. La vitesse annoncée, censée faire l’intérêt de l’hyperloop, pose d’infinis problèmes de confort et de sécurité. Comme le souligne malicieusement Alan Levy, un mathématicien spécialiste des transports « ce n’est pas un moyen de transport, c’est un voyage de tous les vomis ».
Une quinzaine d’années sont nécessaires pour mener à bien la réalisation d’une simple ligne LGV dont les technologies sont complètement maîtrisées et les process industriels déjà opérationnels. Les rapports d’experts pointent qu’il faudra donc au minimum trois décennies pour espérer rendre opérationnel et fiable un hyperloop qui n’en est même pas rendu au stade de prototypage, ce qui n’empêche pas certains promoteurs d’annoncer comme imminent la réalisation d’une ligne en France. Il est vrai qu’ils le font depuis Abou-Dahbi, où ils essaient de vendre l’étude d’un hyperloop …
L’argent public n’est pas inépuisable, les élu·e·s régionaux du groupe EELV demandent qu’il soit utilisé en priorité à la rénovation urgente des infrastructures existantes pour une mobilité facilitée et la vitalité de nos territoires, plutôt que de le voir dilapidé sur la chimère de l’hyperloop.
Le groupe écologiste et citoyen au Conseil régional de Nouvelle-Aquitaine