Contribution au monde d’après #02 – Santé environnementale : agir sur les causes pour réduire les conséquences

Saurons-nous tirer les leçons de la crise sanitaire du COVID19, pour rendre le monde un peu meilleur qu’il ne l’était avant le confinement ?

Nous l’espérons, nous nous y engageons au quotidien. Pour donner à voir notre « monde d’après », plus écologique, plus résilient, vos élu·e·s prennent la plume ! Dans des tribunes libres, ils et elles évoquent des enjeux plus ou moins larges, qui se projettent à court terme ou à long terme, mais qui ont un point commun : celui de dessiner les évolutions à conduire dans notre Région, vers un avenir optimiste et porteur de solutions.

Comme nous l’avons écrit dans notre tribune « Pour une Nouvelle-Aquitaine résiliente » du 28 avril 2020, la période est historique et l’opportunité rare de réorienter les soutiens de la Région, avec des conditions permettant d’appliquer sans tergiverser les principes de Neoterra pour un plan de relance durable et soutenable.

Nous, groupe écologiste et citoyen de la région Nouvelle-Aquitaine, pensons nécessaire de co-construire ces politiques nouvelles entre les citoyens et les élu·e·s. Seule la confiance en cette intelligence collective répondra à l’impératif de résilience.

Les leviers à la portée de notre collectivité sont nombreux pour répondre à ces nouvelles aspirations : agriculture et alimentation, lycée, enseignement supérieur, économie, tourisme, déchets, énergie, culture, sport ou encore mobilités. Des outils au service d’une région résiliente et au service des victimes de la crise, nos concitoyens.

Contribution au monde d’après #02

Santé environnementale : agir sur les causes pour réduire les conséquences

Comme l’a rappelé le Rapport Acclimaterra en citant Margaret Chan, directrice de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) : « Les preuves sont accablantes : le changement climatique met en danger la santé humaine.Des solutions existent et nous devons agir avec détermination sur les causes environnementales des maladies. »

Placée au cœur des enjeux sociétaux actuels, la santé environnementale doit irriguer la politique et les pratiques de gestion, de résorption, de contrôle et de prévention des facteurs environnementaux d’aujourd’hui mais aussi de demain.

La crise du Covid-19 a montré que l’environnement, au sens large, influence considérablement la santé. Aggravée par son caractère soudain et incontrôlable, la résolution de cette crise sanitaire inédite est devenue la priorité.

Pourtant, bien avant ce sinistre épisode, le lien étroit entre la santé et l’état de l’environnement était déjà avéré, sans pour autant provoquer de véritables réactions afin d’en atténuer les conséquences : les pollutions environnementales (maladies et morts liées à la pollution, aux pesticides, etc.) engendrées par les humains impactent toujours davantage leur état de santé.

Cette crise doit conduire les responsables politiques à intégrer la santé environnementale dans les programmes de gouvernance, afin de soutenir une démocratie sanitaire protectrice du vivant. C’est une opportunité de construire un nouveau fonctionnement sociétal, selon une démarche de résilience qui considère que la santé humaine implique un état « sain » de la biodiversité et de l’environnement, notamment des eaux et des sols.

Si nous observons une amorce dans le changement des prises de conscience de la population et des politiques, la transition vers une protection et une régénération de l’environnement n’est que trop secondaire dans la réalité des actes. Pourtant, le développement des maladies chroniques suit la même courbe de croissance que les nouvelles substances de synthèse ou que les pollutions environnementales.
En France, entre 2003 et 2017, les maladies cardiovasculaires ont fait un bond de +171%, le diabète de +94%  et le cancer a augmenté de 49%. A celles-ci s’ajoutent l’augmentation des maladies respiratoires, d’allergies, d’infertilités, de maladies mentales et de perte du goût de vivre.

La préservation de nos écosystèmes et des habitats qui les composent se trouve être une solution indissociable de la préservation de notre santé. A l’aune de ces constats, les politiques publiques doivent prendre en considération la santé environnementale comme facteur central de la prise de décision.

La Nouvelle-Aquitaine se doit de promouvoir un changement radical dans le développement de son territoire en prenant en compte cet aspect, car l’enjeu est la protection de l’environnement aujourd’hui, pour une meilleure santé demain.

En conséquence, si nous comprenons que le changement climatique intervient comme un amplificateur des phénomènes plus généraux de santé, nous pouvons distinguer des effets directs et indirects de la dégradation de l’environnement sur notre santé.

La Nouvelle-Aquitaine peut être à la hauteur de la responsabilité qui lui incombe, de protéger sa population contre tous les risques liés à la destruction de l’environnement, en agissant sur les causes plutôt que gérer les conséquences.

Mieux appréhender demain

Ainsi, la prévention et l’anticipation de telles crises sanitaires appellent à des évolutions majeures dans tous les domaines.
Parmi les préconisations que nous proposons :

  • Construire un programme d’enseignement en santé environnementale adapté pour tous les professionnels de santé ;
  • Repenser l’aménagement territorial en tenant compte des dérèglements climatiques et crises sanitaires possibles ;
  • Mettre en œuvre une approche de prévention territoriale et une information transparente en concertation avec les populations. Établir le recensement des pollutions diffuses (qualité des sols, des eaux, de l’air, pollution sonore, radiations, rayonnement pulsé, champs magnétiques électriques pulsés, etc.) et engager un plan de dépollution ou de protection, ainsi qu’un soutien aux alternatives protectrices du vivant ;
  • Faciliter l’accès à une alimentation naturelle, biologique et de proximité ;
  • Rénover les logements insalubres (amiante, plomb, etc.) ;
  • S’engager dans la charte « Territoire sans perturbateurs endocriniens » ;
  • Préserver les espaces naturels et les forêts diversifiées.

Laurence Motoman, présidente du GIA Transition énergétique et écologique
Stéphane Trifiletti, membre du GIA Aménagement du territoire – Santé – Tourisme et de la commission Aménagement du territoire – Santé – Coopération Interrégionale – Actions européennes et internationales – Tourisme
Vital Baude, membre de la commission Aménagement du territoire – Santé – Coopération Interrégionale – Actions européennes et internationales – Tourisme