Contournement de Beynac-et-Cazenac : un nouveau projet inutile et contreproductif
COMMUNIQUE DE PRESSE 1er mars 2017
Le Président du Conseil départemental de Dordogne, Germinal Peiro relance un vieux projet, déjà évoqué il y a une trentaine d’années : construire une nouvelle route pour contourner le village de Beynac-et-Cazenac, 450 habitants au cœur du Périgord Noir.
Fleurons de l’architecture médiévale, le village est dans la liste des plus beaux villages de France … ce site est considéré comme l’un des plus remarquables du patrimoine historique et culturel de la rivière Dordogne, avec notamment cinq châteaux classés.
Le président du Conseil départemental tente de justifier la nécessité de ce nouvel aménagement sur la nécessité de fluidifier le trafic, l’amélioration de la sécurité et le développement touristique local.
Le coût global de ce projet de 3 kilomètres est estimé aujourd’hui à plus de 30 millions d’euros. Un montant dépassant les 10 millions d’euros le kilomètre (le coût moyen d’un kilomètre d’autoroute est de 6,2 millions d’euros*). A ce titre, le département vient de solliciter la Région pour le financement d’une voie cyclable intégré à ce contournement routier. La subvention demandée est de 6 millions d’euros au titre des fonds européens FEADER.
La Région favorise effectivement la création de voies cyclables sur son territoire. Mais le département a déposé une demande d’aides qui dépasse de très loin les montants attribués habituellement à ce type d’ouvrage.
D’autre part, il est pour le moins étonnant que les coûts annoncés pour cette piste cyclable soient aussi élevés (plus de 20 % du coût total du projet) et à ce titre les écologistes exigent du demandeur les clarifications qui s’imposent.
Contrairement à ce que laissent penser les porteurs du projet, à ce jour la Région n’est engagée d’aucune manière et débute simplement l’instruction du dossier. Les élu-es régionaux seront particulièrement vigilants à ce que les subventions allouées au titre du développement des mobilités douces ne soient en aucun cas le prétexte à financer des projets routiers qui ne relèvent pas de ses champs de compétence. Ils soutiennent la position du président de région, Alain Rousset, qui s’oppose à voir le Conseil Régional investir dans le domaine routier qui relève de la compétence exclusive du Conseil Départemental ou de l’État.
Mais au-delà du financement, le groupe écologiste et citoyen EELV au conseil régional Nouvelle-Aquitaine se pose la question dans la justification même du projet.
L’idée même d’un contournement de la commune de Beynac-et-Cazenave va à l’encontre du développement de son potentiel économique local puisque les touristes seront amenés à éviter le bourg qui est le principal atout du village.
Les écologistes s’interrogent également sur les impacts environnementaux que ne manqueront pas d’avoir cette nouvelle route. La Dordogne est l’une des très rares rivières à être classée « Réserve Mondiale de Biosphère » par l’UNESCO. Ce label prestigieux qui s’intéresse en particulier à l’utilisation rationnelle des ressources naturelles et à leur conservation, pourrait remis en cause par ce nouvel ouvrage.
Enfin du point de vue de la démocratie locale, cette nouvelle route est loin de faire l’unanimité parmi les élus et les habitants du territoire.
En conséquence les élu-es écologistes à la Région Nouvelle-Aquitaine sont totalement opposés à ce nouveau projet inutile, coûteux et destructeur.
Lionel Frel, président du groupe écologiste et citoyen EELV au Conseil régional de Nouvelle-Aquitaine
* source : SETRA (Service d’études sur les transports, les routes et leurs aménagements), 2009