Comment les montagnes pyrénéennes s’assèchent, inexorablement

L’Observatoire Pyrénéen du Changement Climatique (OPCC) de la Communauté de Travail des Pyrénées (CTP)  la Région d’Aragon organisait les 22 et 23 octobre 2019 le  3ème Colloque International sur le changement climatique en montagne au Palais des Congrès de Jaca (Huesca). Jean-François Blanco, conseiller régional écologiste, élu du Béarn était présent.

Extrait du discours introductif de Jean-Francois Blanco

Je suis heureux de participer à votre Colloque toujours stimulant pour la connaissance et la réflexion même si vos constatations scientifiques sont sombres.

En ces moments dramatiques pour la Planète je pense à Manuel Vilas dans Ordesa : « Les meilleurs sont les désespérés ». Mais pour le climat il ne s’agit pas d’être pessimistes ou optimistes. Il s’agit d’être lucides et responsables. La jeune génération nous le rappelle avec force et à très juste titre.

Aneto, Vignemale l’agonie des glaciers pyrénéens symbolise la souffrance de la montagne face au réchauffement climatique. L’agonie des glaciers pyrénéens est une perte irréparable. Perte pour l’eau, perte pour le climat, pour la montagne bien sûr. Une perte, aussi, pour l’imaginaire pyrénéen.

Nous approchons du moment où les glaciers appartiendront à notre seule mémoire. Cette disparition nous bouleverse. Elle est au delà de la mélancolie, une désolation.

Mais qu’avons-nous nous fait ?

Les hommes sont des apprentis sorciers, des dévoreurs de monde. L’agonie des glaciers est le résultat du réchauffement climatique, elle entraine et entraînera son accélération illustrant le cycle infernal que nous avons provoqué.

Le réchauffement climatique est le résultat d’un système mortifère basé sur l’extractivisme, le productivisme et le consumérisme. La Planète s’épuise et pour la sauver, pour nous sauver nous devons, sans tarder d’avantage, ATERIR selon la proposition de Bruno LATOUR.

Même l’excuse de l’ignorance ne nous sera pas accordée.

Depuis le début des années 80 l’alerte a été lancée par les scientifiques et des responsables politiques malheureusement marginalisés.  Le sommet de Rio, premier sommet sur le climat, date de 1992.

Pour revenir aux Pyrénées l’Observatoire Pyrénéen du Changement Climatique est au travail depuis déjà 2010.

Vos travaux remarquables, reconnus par la communauté internationale, documentent sans relâche l’impact déstabilisant et dangereux du réchauffement climatique sur les Pyrénées.

Ce troisième colloque en est la meilleure preuve et ces investigations rigoureuses vont se poursuivre. Je vous en remercie vivement au nom de la Région Nouvelle Aquitaine.

Ils nous permettent d’orienter notre politique pour le climat et les territoires.  Les travaux et constatations de l’O.P.C.C méritent d’être largement diffusés pour leur qualité mais, aussi, pour aider à l’information et à la prise de conscience.

Le soutien et l’implication de la Nouvelle Aquitaine vous sont acquis. La lucidité ne signifie pas la passivité. Bien au contraire.

Nous le prouvons par notre engagement pour la réouverture de la ligne Pau-Canfranc. Nous l’avons prouvé par notre détermination pour la biodiversité en intervenant, notamment, pour la réintroduction des ours et des bouquetins.

Nous pouvons, nous devons dépasser notre mélancolie.

Je vous remercie à nouveau pour votre rigueur et votre dévouement.

Jean-François BLANCO