Bordeaux – 29 septembre 2016

Intervention de Jérôme Orvain, délégué à l’agroécologie et à l’agriculture biologique à l’occasion de l’assemblée générale et des 40 ans du SYNABIO, qui s’est tenue à l’hôtel de Région à Bordeaux.

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Mesdames, Messieurs les administrateurs et adhérents du Synabio,

Je vous prie tout d’abord de bien vouloir excuser le président de la Région Nouvelle-Aquitaine, Alain Rousset, qui n’a pu être présent aujourd’hui et qui m’a demandé de le représenter.

En tant que conseiller régional, délégué à l’agro-écologie et à l’agriculture biologique et paysan bio dans la Creuse, c’est un honneur pour moi d’introduire cet après-midi lors de votre assemblée générale et de fêter avec vous les 40 ans d’existence de votre syndicat.

Je vais profiter de ce discours introductif pour revenir tout d’abord sur la place de la bio dans cette nouvelle région, puis j’exposerai de quelle façon la Région compte être à vos côtés pour assurer le développement de la filière.

La fusion des Régions qui a été voulue par le gouvernement dans le cadre de la loi Notre a fait naître chez nous avec les 3 ex-régions du Limousin, de l’Aquitaine et du Poitou-Charentes, une nouvelle entité administrative, la région Nouvelle-Aquitaine, qui se distingue par sa puissance agricole la positionnant comme un acteur de premier plan au niveau européen : première région agricole d’Europe avec une production agricole de 11 milliards d’euros en valeur.

Quelques chiffres pour présenter notre région

  • Première région de France en terme de Surface Agricole Utile (SAU) avec 4,2 millions d’hectares, troisième au niveau européen ;
  • Près de 80 000 exploitations agricoles ;
  • Une petite France, un petit pays (en surface équivalent ce serait l’Autriche) à elle tout seule, compte-tenu de la diversité des territoires et des productions :
  • 1er cheptel de France pour les bovins viande et les caprins ;
  • 2ème vignoble de France en superficie (bordeaux, Cognac) ;
  • 1ère région productrice de Kiwi et de melon ;
  • 1ère place française et européenne en matière de maïsiculture.

Ainsi, il n’est pas étonnant que dans le domaine qui nous concerne, l’agriculture biologique, la Région se place également en tant que leader à de nombreux points de vue (chiffres 2015) :

  • 2ème région française en nombre de producteurs : 4200 agriculteurs en bio ;
  • 3ème région en surface : 167 000 ha soit 4,2 % de la SAU ;
  • 1ère région pour les fruits frais et à coques, les légumes, l’aviculture et les bovins allaitants ;
  • 2ème région pour les grandes cultures, la vigne et les porcins ;
  • 1000 transformateurs et 343 distributeurs de produits issus de l’agriculture biologique.

Chez nous, au niveau de la Nouvelle-Aquitaine, l’agriculture biologique connaît une forte augmentation entre 2008 et 2014. Celle-ci se poursuit en 2015-2016 avec une évolution de + 7% d’agriculteurs et + 19,6 % en surfaces cultivées en agriculture biologique (27 388 ha en C1 en 2015 : + 125 % par rapport à 2014).

L’exemplarité du modèle néo-aquitain

On ne retrouve pas cette tendance dans la seule Nouvelle-Aquitaine, mais partout en France, comme le montrent les derniers éléments de l’Agence Biologique de la semaine dernière sur les tendances du premier semestre de cette année :

  • + 20 % de croissance du marché bio ;
  • 21 fermes par jour se convertissent en 2016 ;
  • la barre des 1,5 millions de SAU dépassée ;
  • d’ici 2018 + 30 % de lait bio ;
  • vin bio : vente en hausse de 10 %.

Cette position de premier plan nous donne une responsabilité forte car ce qui se passera en Nouvelle-Aquitaine est de nature à influencer les évolutions nationales, voire européennes. Nous nous devons d’être exemplaires et de maintenir la richesse agricole de nos territoires.

Le développement de l’agriculture biologique est une priorité du président Alain Rousset et c’est en travaillant tous ensemble, en intégrant tous les maillons de la filière, que nous parviendrons à assurer une croissance continue de ce secteur.

Au-delà des enjeux de santé et d’environnement, je suis convaincu que le développement de l’agriculture biologique est aussi un des moyens pour développer l’emploi et la relocalisation des filières sur les territoires.

Pour atteindre ces objectifs, la Région œuvrera à vos côtés dans ses domaines de compétences.

Tout d’abord, en matière de gouvernance et de stratégie, la Région a demandé (et c’est une première) aux représentants de la filière de proposer un plan fixant les ambitions de développement de l’agriculture biologique à l’horizon 2020. C’est en effet en s’organisant et en se fixant des objectifs communs dès le départ que nous gagnerons en efficacité. Ce plan doit être finalisé d’ici la fin d’année.

Concernant la gestion du FEADER, dont les Régions ont maintenant autorité de gestion, la région Nouvelle-Aquitaine, en lien avec l’État et les Agences de l’eau, a souhaité maintenir un niveau de soutien fort en conservant en 2015 des plafonds élevés pour la MAB et la CAB. La forte dynamique de conversion bio que nous connaissons a conduit à mobiliser une part importante des enveloppes disponibles dès 2015.

Nous souhaitons pour 2016 et jusqu’à la prochaine PAC maintenir le cap du soutien à la conversion, mais comme dans toutes les régions, vu le boum des conversions actuelles, nous serons vite à court d’enveloppe budgétaire et par conséquent, des sollicitations, des arbitrages seront à établir.

Établir des priorités

Dans le domaine des aides aux investissements, les équipements destinés aux producteurs : matériel alternatif à l’usage des pesticides, bâtiments d’élevage, locaux de vente à la ferme, seront subventionnés dans le cadre du Plan pour la compétitivité et l’adaptation des exploitations agricoles (PCAE). Ce plan est en train d’être harmonisé à l’échelle de la Nouvelle-Aquitaine afin d’assurer un traitement équitable de tous les agriculteurs. Lors de la sélection, une priorité sera donnée aux agriculteurs ayant mis en place une démarche agro-environnementale notamment en bio.

Dans le domaine qui vous concerne, la Région accompagnera les industries agroalimentaires dont les transformateurs et distributeurs de produits issus de l’agriculture biologique qui souhaitent moderniser leurs outils. Les modalités d’intervention sont en cours de définition à l’échelle de la Nouvelle-Aquitaine.

Pour favoriser la structuration et la promotion de la filière, mais aussi l’accompagnement individuel et collectif des entreprises, la Région va réviser pour 2017 son soutien aux structures qui accompagnent les acteurs de la filière. L’objectif sera de profiter de cette fusion pour bénéficier des meilleures expériences mises en place sur chaque ancien territoire (pôle conversion Bio, les territoires bio engagés, etc…). En 2016, la Région a consacré une enveloppe de 3 millions d’euros pour l’animation du réseau et le soutien aux filières.

En tant que gestionnaire des cantines des lycées, la Région compte intensifier ses actions dans le domaine de l’approvisionnement des lycées en produits locaux et issus de l’agriculture biologique. Le président Rousset a fixé lors de sa campagne l’objectif d’atteindre 20 % de produits bio dans les cantines d’ici 2020, une forte mobilisation sur ce sujet sera donc indispensable.

D’autres enjeux et marchés seront à conquérir : les collèges, les maisons de retraite, les hôpitaux… qui ont chacun des nombres de repas très différents à fournir quotidiennement.

Un véritable enjeu de société

Le développement de l’agriculture biologique est un enjeu de société qui dépasse largement la simple question des pratiques agricoles. Ce mode de production peut apporter une solution à de nombreux enjeux actuels :

  • préservation de l’eau, des sols, de la santé ;
  • lutte contre le réchauffement climatique ;
  • maintien de l’emploi ;
  • confiance producteur/consommateur ;
  • maintien de la biodiversité.

Il est de notre responsabilité commune de nous organiser pour répondre aux attentes de la société civile et ancrer durablement ce mode de production dans nos territoires.

L’agriculture biologique donne aujourd’hui du sens à la société et à nos métiers, et je vous parle en connaissance de cause. Elle donne de l’enthousiasme, de l’espérance face à certaines inquiétudes actuelles.

Rapprocher les producteurs et les consommateurs, restaurer la confiance sur l’alimentation est un défi que nous avons tous à relever et que vos entreprises relèvent depuis au moins 40 ans !

Alors au jour de ces 40 années d’énergies positives, je vous souhaite un très bon anniversaire !

Je vous remercie de votre attention.