Anticipons le crash de la filière aéronautique de Nouvelle-Aquitaine
Communiqué de presse Groupe écologiste et citoyen - Eelv au Conseil régional de Nouvelle-Aquitaine 7 mai 2020
Les écologistes veulent une Région stratège pour déterminer les secteurs à soutenir en priorité dans les plans de relance, en privilégiant nos besoins vitaux : l’alimentation, la sécurité et la santé. La période inaugure la remise en question des secteurs non essentiels comme les transports aériens qu’il faut réorienter. Ce secteur est le double vecteur des principales menaces qui pèsent sur l’humanité : dissémination foudroyante des pandémies actuelles et futures, et émission massive des gaz à effet de serre qui accélèrent le réchauffement climatique. Nous proposons donc que toutes les aides publiques de la Région Nouvelle-Aquitaine en direction de l’industrie aéronautique et des structures aéroportuaires soient désormais conditionnées à des obligations de transition écologique, et engagent la réorientation de ce secteur.
Alors qu’une réflexion sur « Le monde d’après » pourrait amener à repenser l’impossibilité de maintenir la folle croissance de plus de 5 % par an du transport aérien qui fait quasiment doubler le nombre de passagers tous les 10 ans, nous refusons la course en avant qui ne cherche qu’à en pallier les tares.
Non, ce n’est pas en recherchant une chimérique efficacité énergétique des avions avec l’objectif hors d’atteinte – de baisse de 90 % d’émission, qu’on pourra juguler les émissions polluantes du transport aérien. C’est seulement en réduisant le trafic aérien, à commencer par le trafic intérieur, au bénéfice de solutions ferroviaires notamment.
Non, ce n’est pas en tablant sur des solutions de « biocarburants » produits en confisquant des terres agricoles ou sur la construction de moteur à hydrogène au bilan énergétique contestable qu’on va compenser la fin prévisible des ressources pétrolières. C’est en faisant payer le kérosène à son juste prix plutôt que de l’exonérer de taxes et de subventionner des installations aéroportuaires surdimensionnées.
Non, ce n’est pas en aidant massivement aujourd’hui les entreprises et les sous-traitants du transport aérien, sans les amener à une reconversion de leur activité, que la Nouvelle-Aquitaine va sauver à terme les centaines de PME et les 40 000 emplois d’un secteur d’ores et déjà condamné. C’est au contraire en préparant méthodiquement la transformation des lignes de production, en aidant à la recherche de nouveaux marchés plus écologiques et en finançant des filières de formation qui permettront de nouveaux parcours professionnels que nous pourrons atténuer les conséquences sociales et économiques de la fin de la croissance du transport aérien.
Le monde d’après est à notre porte, celle que nous franchirons à l’issue du confinement : il conduit à bouleverser notre approche du rôle de l’avion dans nos sociétés et va nous amener à repenser à la fois sa fonction mais aussi les filières d’emplois qui en dépendent.
Le groupe écologiste et citoyen au Conseil régional de Nouvelle-Aquitaine