Transition énergétique : l’occasion manquée du Bassin de Lacq
Nous déplorons la décision prise par l’Assemblée nationale d’accorder une exception aux entreprises du bassin de Lacq pour continuer l’exploitation du gaz soufré au-delà de 2040.
Nous estimons qu’elles avaient un délai plus que suffisant pour s’organiser vers un modèle de production plus vertueux.
L’Assemblée nationale a pourtant voté un article essentiel du projet de loi Hulot permettant la fin de la production sur le territoire français d’hydrocarbures d’ici 2040. Cette première avancée vers la sortie des énergies carbonées laisse donc plus de vingt ans à l’industrie pétrochimique pour s’adapter aux nouvelles données énergétiques et climatiques.
Pourtant les députés béarnais ont fait du lobbying pour maintenir cette activité : le gisement de gaz soufré de Lacq n’est plus concerné par la loi. Le bassin de Lacq dispose encore en effet de réserves résiduelles de gaz dont est extrait de l’hydrogène sulfuré. Ce composant chimique est exploité et transformé par le groupe de chimie Arkema et ses sous-traitants. Destiné au raffinage, à la pétrochimie ou encore à l’alimentation animale, il est exporté à plus de 90%.
En forçant le statu quo de l’exploitation des hydrocarbures, les députés béarnais condamnent le site à moyen terme puisque les industriels n’ont plus aucun intérêt à se préparer aux conséquences du dérèglement climatique.
La Région Nouvelle-Aquitaine, par le biais de Françoise Coutant, vice-présidente en charge du climat et de la transition énergétique avait proposé lors du CNTE (Conseil National de la Transition Energétique) du 23 août 2017 de donner les moyens aux Régions concernées, dont la Nouvelle-Aquitaine, d’accompagner leurs entreprises vers la sortie de l’exploitation des énergies fossiles et d’engager un vrai processus de reconversion.
Une reconversion d’autant plus nécessaire que le complexe industriel de Lacq suscite depuis longtemps de nombreuses plaintes de la part des riverains qui pointent du doigt un taux de mortalité très élevé. Une étude épidémiologique effectuée sur la période 1968-1998 a notamment démontré une surmortalité de 39% « tous cancers confondus » entre 1992 et 1998.
En exemptant l’industrie de Lacq, ce sont les populations et l’environnement qui en pâtiront mais aussi l’avenir économique de tout un territoire. C’est une occasion manquée pour tous les travailleurs des sites concernés qui risquent tout simplement d’y perdre leur activité lorsque les gisements seront taris.
Françoise Coutant, vice-présidente Climat, Transition Énergétique de la Région Nouvelle-Aquitaine
Jean-François Blanco, conseiller régional écologiste et citoyen EELV des Pyrénées-Atlantiques