Intervention relative aux modalités d’élaboration du Schéma régional d’aménagement, de développement durable et d’égalité des territoires (SRADDET)

Par Jean-Louis Pagès – Intervention en séance plénière du 10 avril 2017

Monsieur le président, mes chers collègues,
Autant le dire sans ambages : nous nous félicitons de ce travail de prospective qui doit être la colonne vertébrale de notre action régionale pour cette mandature mais aussi les suivantes. Nous attendons de ce schéma qu’il fasse partager une vision d’avenir pour la Nouvelle-Aquitaine, celle d’un avenir désirable, donc écologique et social.
Pour nous écologistes, le SRADDET met en regard dans son intitulé deux aspects fondamentaux de nos actions régionales : le développement économique social et environnemental d’un côté et le territoire de l’autre. Pour nous le territoire, c’est une référence explicite à la terre, cette terre que nous avons en héritage, et aussi en partage, cette terre menacée comme jamais.
Je ne veux prendre pour exemple que le défi de l’artificialisation des terres agricoles, les plus riches car situées autour des villes et villages dont elle ont permis l’existence et assuré la prospérité, et ces terres disparaissent à une vitesse effrayante, y compris dans notre Région qui représente un huitième de la surface de notre métropole.
Depuis que nous avons commencé à débattre de ce schéma, on peut estimer que rien qu’en Nouvelle-Aquitaine la surface agricole équivalente à un terrain de football (7000 m²) a disparu (3 m² par seconde).

Protection de la nature et limitation de l’empreinte écologique placées au cœur du SRADDET

L’enjeu écologique, ne serait-ce que pour le foncier est donc crucial car le SRADDET est opposable aux documents d’urbanisme, et il peut donc juguler la propension de certaines collectivités territoriales à multiplier les zones commerciales et les technopoles inutiles. C’est donc un enjeu de de transition énergétique des territoires, car l’artificialisation des terres par un urbanisme incontrôlé augmente en définitive l’empreinte écologique, aggrave le dérèglement climatique, mais ampute aussi la biodiversité, car cette terre fragile recèle 80% de la biomasse.
La protection de la nature et la limitation de l’empreinte écologique est au cœur du SRADDET, et nous nous félicitons de cette prise en compte qui prouve que la concertation existe déjà au sein des commissions, et nous nous en félicitons.
Mais du même coup il ne nous semble pas du tout souhaitable de bâcler le processus de concertation, comme le réclame nos collègues de l’UDI. Nous pensons au contraire que le temps passé à travailler à une concertation large et approfondie est la condition de réussite à un schéma qui est prescriptif et opposable et doit donc reposer sur une appropriation et un bon consensus pour avoir quelque chance d’être efficace et pérenne.
Nous attendons que les associations participent à se travail, intégrées dans un large processus de concertation, bien au-delà des dispositions règlementaires,que les indicateurs de développement soient travaillés et discutés, et que toutes ces rencontres et toutes ces discussions fassent évoluer les mentalités. Pour cet énorme travail de maturation jusqu’en décembre 2018 où nous allons le voter, il nous faut beaucoup de travail et aussi de temps, tous les écologistes et aussi les paysans de Rougeline savent bien que tirer sur les pousses et les tiges n’accélèrent en rien maturation de leurs tomates.
Hâtons-nous donc lentement sur le plus important dossier prospectif de notre grande Région.
Je vous remercie.
[Seul le prononcé fait foi]