Intervention relative à la politique régionale en faveur du service civique

Par Léonore Moncond’huy – Intervention en séance plénière du 13 février 2017

Monsieur le Président, mes chers collègues,

Nous vous présentons aujourd’hui notre règlement d’intervention sur le Service Civique. Je tiens tout d’abord à remercier les services de la toute nouvelle Direction « Jeunesse et Citoyenneté », à Poitiers, Limoges et Bordeaux, pour leur travail important, dans l’écoute et l’exigence mutuelle, qui a permis de faire aboutir ce texte aujourd’hui.

Le Service Civique, vous connaissez, vous en avez entendu parler : c’est un dispositif créé en 2010, qui permet à des jeunes de 16 à 25 ans de s’engager pour une durée de 6 à 12 mois, pour une cause d’intérêt général, tout en étant indemnisés pendant ce volontariat.

Et c’est un succès fou, un petit miracle républicain comme l’a dit Martin Hirsch. Il concernait 6000 jeunes en 2010, plus de 100 000 en 2016, et l’objectif est d’atteindre 150 000 en 2017 ! Il affiche un taux de satisfaction de 91 %, et 80 % des volontaires considèrent que le Service Civique a eu un impact positif sur leur parcours professionnel.

C’est à l’État que revient le rôle d’attribution des agréments, et de financement des indemnités des volontaires. Mais les collectivités ont toute latitude pour soutenir le Service Civique !

C’est donc en bonne intelligence avec l’État que nous avons choisi le soutenir le Service Civique, via trois axes :

  • 1) Accorder des aides individuelles aux jeunes volontaires, pour que le Service Civique soit aussi pour eux l’occasion de se former, en passant le permis ou le BAFA.
  • 2) Soutenir la création de missions dans des domaines ciblés.
    • Ciblés parce qu’ils intéressent particulièrement les jeunes, mais qu’il n’y a pas assez d’offre pour répondre à la demande. La solidarité internationale ou l’environnement sont des thèmes très demandés, pour lesquels l’offre de missions est insuffisante! Nous souhaitons par exemple impulser des Services Civiques dans les Parcs Naturels Régionaux que coordonne la Région.
    • Ou ciblés parce qu’ils contribuent à des engagements régionaux forts, comme la lutte contre le gaspillage alimentaire dans les lycées de notre Région.
  • Enfin, le 3e axe concerne plutôt la qualité de l’expérience de Service Civique, pour le rendre accessible et valorisable par tous les jeunes, y-compris ceux qui en sont le plus éloignés. Nous lancerons un appel à projet, qui permettra aux structures de nous envoyer leurs idées, leurs projets, pour répondre à plusieurs questions. J’en citerai trois :
    • Comment favoriser le Service Civique en milieu rural? S’engager à la campagne c‘est pas facile ! On pense colocations de volontaires, on pense réseaux d’associations locales… Nous en appelons à l’inventivité des acteurs !
    • Comment favoriser la dimension collective et de mixité sociale de l’expérience de Service Civique ? On pense à des formations, des rassemblements, pour que la jeunesse engagée néo-aquitaine se rencontre.
    • Comment travailler sur l’après-Service Civique, pour le valoriser dans l’insertion professionnelle et sociale, mais aussi pour la poursuite de l’engagement bénévole ?

C’est donc un plan très ambitieux en faveur du Service Civique que nous portons, quoiqu’en pensent nos collègues de l’UDI, et dont nous pouvons être fiers. Nous sommes ainsi la Région la plus engagée de France en faveur du Service Civique.

Nous avons bien pris connaissance de l’amendement du groupe UDI, qui demandait le retrait de ce règlement d’intervention, pour l’adapter à l’élargissement des structures accueillantes, et y rendre éligibles les collectivités et SDIS notamment. C’est une possibilité ouverte par la loi depuis dix jours seulement !

Votre proposition est une bonne idée. Mais un règlement d’intervention est un travail de longue haleine, travaillé dès le début du mandat, et le retirer serait dommage pour le travail des services comme pour les associations qui comptent sur nous. Nous nous engageons donc à revoir ce règlement d’intervention dans quelques mois, mais il faut pour l’instant lui laisser le temps de faire ses preuves. Et les associations restent au cœur du Service Civique, puisqu’elles constituent encore 84 % des structures agréées.

Soyons donc fiers de ce premier document, qui positionne notre Région dans le champ de la jeunesse et de l’engagement, une belle marque de fabrique. Faisons du Service Civique certes un atout pour l’insertion professionnelle, mais aussi une occasion de vivre un vrai engagement, dans ce qu’il comporte de militantisme et de risque.

Stéphane Hessel a dit, lors du lancement du Service Civique, en s’adressant à un parterre de jeunes : « Il est plus difficile pour vous que pour nous de s’engager. Pour notre génération, il était facile de dire où étaient le bien et le mal. Maintenant, les deux sont plus entremêlés ». Alors soutenir le Service Civique, c’est aussi notre manière de lutter contre le populisme et de soutenir une citoyenneté active !

Je vous remercie.

[Seul le prononcé fait foi]