Intervention de Jean-Louis Pagès à propos des orientations budgétaires 2017
Par Jean-Louis Pagès – Intervention en séance plénière du 19 décembre 2016
Cher Président, cher-es collègues,
Nous sommes globalement satisfaits de ces orientations budgétaires même si notre rôle est d’aiguillonner la majorité vers une transition écologique la plus complète possible. D’ailleurs, nos élu-es de l’exécutif y ont contribué largement, dans leurs périmètres respectifs. Le contexte fluctuant, la fusion toujours en cours, les intervenants se sont répandus suffisamment longuement sur ce sujet pour que je vous en fasse grâce.
Certains détails nous font bien sûr nous désoler – je reviendrai sur le Grand Projet Sud Ouest, pour ne citer qu’un exemple – mais la comparaison avec ce qui se passe ailleurs, dans les régions qui sont tombées sous la coupe de la droite nous donne matière à nous consoler. La gestion destructrice qui est en ce moment présentée aux élu-es socialistes et écologistes qui siègent dans l’opposition des collectivités dirigées par les présidents de droite a bien des raisons de les désespérer, ainsi que les électeurs qui ont eu l’imprudence de leur accorder leur confiance.
Je vais prendre notre région voisine de l’Auvergne-Rhône-Alpes (AURA), qui va illustrer une politique de casse sociale et environnementale menée systématiquement par Laurent Wauquiez, président Les Républicains. Dans les orientations budgétaires d’AURA, on découvre une politique qui privilégie les autoroutes en sacrifiant les Parcs Naturels Régionaux, qui met l’agriculture sous les fourches caudines des productivistes agricoles, le tissu associatif méthodiquement mis à mal, au point que des associations d’installation d’agriculteurs en milieu rural, comme Terre de liens, ou celles qui protègent la nature, vont devoir massivement licencier.
Cette logique effroyable de destruction du patrimoine naturel, de la biodiversité et du lien social au profit des forces de l argent qui conduit à s attaquer en premier aux associations qui les défendent.
Le document d’orientations budgétaires qui nous est présenté est bien différent, même si le chapitre transport alerte notre vigilance. En effet à côté de la volonté de l’intermodalité et la multimodalité, nous attendons pour les bases aéroportuaires une vraie étude stratégique de notre engagement dans les syndicats mixtes qui les possèdent. La prolifération des aéroports déficitaires doit nous faire choisir nos priorités.
Quant au projet de ligne à grande vitesse Sud Europe Atlantique du Grand projet Sud-Ouest (LGV SEA GPSO), il est dit que « des solutions au niveau national et européen doivent être recherchées pour assurer sa mise en œuvre à terme« . Nous pensons pour notre part qu’il faudrait plutôt mettre un terme à sa mise en œuvre.
En tant que limousin, je peux témoigner du temps que peut nous faire perdre la poursuite de cette chimère pour laquelle il n’y a pas de réelle volonté politique des acteurs et surtout aucun financement en vue. Nous avons perdu 15 ans sur la rénovation de ligne Paris-Orléans-Limoges.
Nous voulons des trains performants pour la desserte des territoires vers l’Espagne et Toulouse, car Bordeaux ne doit pas être un cul de sac, mais pourquoi attendre ne voir rien venir des plus de 9 milliards introuvables, alors que des solutions de trains rapides de mise à niveau des lignes actuelles pour des rames à 220km/h sans destruction environnementale pour un coût trois à quatre fois moindre ? Pourquoi nous refuser la grande vitesse pour maintenant ?
Quand l’exemple limousin devrait inspirer
Michel Delebarre, sept fois ministre, dont le portefeuille des transports, actuellement sénateur et depuis peu, chargé par le Premier ministre d’une mission sur l’accessibilité de Limoges et du Limousin, déclarait récemment dans la presse : « Il faut que je regarde quelles sont les conditions d’accessibilité de l’ancienne région Limousin et des départements limitrophes. Je n’ai pas de conclusion pré-établie. L’option LGV (Ligne à grande vitesse) est une des options. Ce qui est sûr, c’est que le Limousin a connu une détérioration de sa desserte ferroviaire. Je pense que la question du délai est une question importante. Si on a une solution qui peut être mise en œuvre rapidement, il faut s’y pencher. »
Pour ce socialiste, la question essentielle n’est donc pas la grande vitesse mais l’urgence de la mobilité et du désenclavement. Au sud de notre Région, la question se posera très bientôt dans les mêmes termes. Il montre que le problème n’est plus d’avoir ou pas une LGV mais des solutions de mobilité rapide et désenclavement. Maintenant !
Tant de sujets positifs éclipsent heureusement tout ceci.
Le plan pluriannuel des investissements, et un plan pluriannuel de fonctionnement, nous aimerions à prendre notre part dans son élaboration.
En comparaison avec ce que j’ai dit de la gestion de Auvergne Rhône Alpes, on découvre dans ce budget :
- une mise en place de modèles de production robustes, ou résilients selon le terme à la mode (autonomes, diversifiés et agroécologiques) apte à supporter les chocs économiques et le changement climatique inéluctable ; un plan développement de l’agriculture biologique et l’agroécologie ;
- l’Économie sociale et solidaire (ESS) et l’innovation sociale, avec ses incubateurs territoriaux. Rappelons que cela représente 12% des emplois ;
- la transition énergétique : efficacité énergétique, production d’énergie renouvelable. Les fonds terraenergie de 8M€, l’appel à projet tempos ou le plan biognv, ou biométhane ;
- la politique de l’environnement très bien détaillée ;
- la prévention et la gestion des déchets et l’économie circulaire avec ses 7 piliers : de l’écoconception jusqu’au recyclage ;
- enfin l’alimentation de qualité dans les établissements scolaires favorisant le bio et les productions locales. Et aussi le travail sur le gaspillage alimentaire.
Toutes ces raisons qui différencient une région de droite et une région dirigées par la gauche et les écologistes, nous font saluer cet excellent travail mené par la majorité et les services.
Je vous remercie.
[Seul le prononcé fait foi]