Intervention relative aux participations statutaires des aéroports de Brive et Limoges

Par Lionel Frel – Intervention en commission permanente du 6 juin 2016.

Cher président, chers collègues,

Notre région comprend 13 aéroports. Seul 6 d’entre eux dépassent les 200 000 passagers, alors que l’estimation basse de rentabilité d’une structure aéroportuaire est de un million de passagers. L’aéroport de Bordeaux Mérignac connaît un trafic de 5 millions de passagers, celui de Biarritz dépasse à peine ce chiffre d’un million de passagers.

La France est raillée pour le nombre important de ses 36 000 communes par rapport aux autres pays. Mais l’organisation du transport aérien français est lui aussi bien risible : sur les 460 aéroports de l’union européenne, près d’un tiers, 170, sont implantés en France.

Si on compare la douzaine d’aéroports de notre région, pour moins de 6 millions d’habitants, à l’Allemagne par exemple, on comprend mieux pourquoi les aéroports français régionaux sont quasiment tous déficitaires : en Allemagne, pour plus de 80 millions d’habitants, il existe 19 aéroports ! La densité d’aéroports en Allemagne rapportée au nombre d’habitants est 12 fois moins élevée qu’en France !

Alors, il est grand temps de s’interroger sur la pertinence et la viabilité de nos 13 aéroports, et sur le niveau d’engagement que doit avoir notre Conseil Régional dans l’accompagnement de ces structures.

Nous nous interrogeons vraiment sur la pertinence de contribuer au déficit chronique des aéroports régionaux, que ce soit celui de Brive pour 333 000 € et ses 65 000 passagers, celui de Limoges pour 3 200 000 € pour 292 000 passagers, ou pour tous les autres.

Comment d’ailleurs comprendre que nous sommes engagés à hauteur de 49% à Limoges, à hauteur de 10% à Brive ou Bergerac, et à je ne sais quel taux pour les autres aéroports ?

Le transport aérien ne contribue pas à la TICPE que paye maintenant chaque habitant de notre grande région, il ne paye d’ailleurs aucune taxe. Alors qu’il est le mode de déplacement le plus polluant, le transport aérien a aussi été exempté des engagements de la COP 21.

Le modèle économique très contestable des compagnies low cost

Le modèle économique sur lequel s’est bâti la plupart des aéroports régionaux, le low cost, est aussi celui qui concentre un grand nombre d’entreprises voyous, et dont le chef de bande est Ryanair. Une entreprise qui malmène ses employés, se désintéresse de ses clients, et surtout, se livre au chantage envers les collectivités qui ont eu la naïveté de croire à ses mensonges, et oblige ainsi les territoires à se concurrencer les uns les autres au lieu de travailler en coopération. Le montant des bénéfices de Ryanair chaque année, est égal au montant des subventions reçues des collectivités.

Et, puis profitons de cette occasion pour revenir sur la responsabilité des CCI dans ce gaspillage financier. Elles ont très souvent été les propriétaires et les gestionnaires de ces structures aéroportuaires, entraînant peu à peu les collectivités dans cet engrenage. Les CCI sont ensuite sorties progressivement du capital, gérant toujours les aéroports mais laissant les collectivités régler les factures des déficits chroniques.

En résumé, nous pouvons dire que nous sommes bien loin des 4 piliers vertueux du développement durable. Pour toutes ces raisons, nous attendons avec impatience de participer à la mise en place d’un Schéma Directeur Aérien et nous appelons à la mise en place d’une Nouvelle Politique en ce domaine, propre à prendre en compte les défis économiques, environnementaux et sociaux du 21éme siècle.

Enfin nous voulons rappeler que l’intérêt de la Région est d’élaborer rapidement son schéma  d’intermodalité pour que les habitant-e-s circulent facilement au quotidien grâce à des modes de transports interconnectés de manière efficace et logique.

Pour toutes ces raisons, nous voterons contre ces deux délibérations de participation statutaires des aéroports de Brive et Limoges.

Je vous remercie.
[Seul le prononcé fait foi]