Propos introductifs de Nicolas Thierry en séance plénière du 19 juillet 2021

Monsieur le Président, cher.e.s collègues,

Seuls 15 jours nous séparent de notre première plénière du mandat et pourtant le temps et les évènements se sont une nouvelle fois accélérés.
Nous avons en effet vu ces derniers jours la crise sanitaire fissurer encore un peu plus notre cohésion sociale et soumettre notre démocratie à des questions inédites.
Nous voyons également, alors que nous pouvions espérer que le plus dur était derrière nous, se former une nouvelle vague épidémique en raison du variant Delta et avec celui-ci toutes les potentielles conséquences sanitaires, économiques, sociales et psychologiques que nous pourrions encore une fois endurer.
Nous connaissons également le risque d’une crise économique à retardement, peut-être dès le premier trimestre 2022, en raison de l’incapacité de beaucoup de PME/TPE à rembourser les prêts et avances remboursables contractés dans l’année et demie qui vient de s’écouler.
Enfin, après les dômes de chaleurs qui ont frappé le Canada, le Maroc, l’Espagne et le Portugal, ou la terrible famine qui frappe un million de personnes à Madagascar, que le GIEC qualifie de première famine liée au réchauffement climatique, comment ne pas évoquer les inondations d’une intensité jusque-là inimaginable qui viennent d’endeuiller l’Allemagne et la Belgique. Inimaginable n’est en réalité pas le bon terme car les scientifiques nous rappellent aujourd’hui que tout ce que je viens d’évoquer était prévu et écrit dans les rapports scientifiques dès 1990.
30 ans que nous savons et regardons ailleurs.
Ce que nous vivons actuellement n’est rien de moins que le passage du réchauffement climatique au basculement climatique.
Et je profite de cette occasion pour dire que celles et ceux qui depuis des années portent comme seule réponse la diversion en polluant le débat public et politique avec des prêt-à-penser comme « l’écologie punitive » ou « l’écologie de la brutalité », devraient maintenant commencer à comprendre ce qui est réellement punitif ou brutal.
 
Mais il ne suffit plus de constater. Nous avons tout d’abord besoin d’un cap ou d’un horizon.
Vous allez me répondre à juste titre, NéoTerra. C’est en effet un cap, à quelques différences près, que nous pouvons partager.
Mais une fois ce cap fixé, il faut dessiner le chemin, et le plus court possible, car le temps presse, joue contre nous. Le compte à rebours est enclenché.
Et c’est bien cela qui nous inquiète profondément. Le cap est fixé mais le chemin n’est pas balisé, les politiques régionales pour atteindre les objectifs de NéoTerra n’ont pas fait l’objet de profonds réajustements. Si c’était le cas comment expliquer que depuis juillet 2019, date d’adoption de NéoTerra, si peu de politiques publiques régionales aient été retravaillées en profondeur, voire arrêtées. Faut-il comprendre que la Région, avant le vote de NéoTerra, disposait déjà de politiques publiques à la hauteur de l’enjeu ? Nous savons toutes et tous que ce n’est pas le cas.
Comprenez-moi bien, je ne cherche pas à polémiquer, ni à refaire les débats de la campagne, je pose juste ici des faits et souhaite des réponses pour comprendre et avancer. Et je l’ai déjà dit, n’en doutez pas, si vous êtes vraiment à la hauteur, nous n’aurons aucune réserve à soutenir vos initiatives.
J’aimerais donc vous entendre, et c’est important car nous sommes en tout début de mandat, sur le calendrier politique que vous prévoyez afin de mettre à niveau toutes les politiques de la Région que vous ne jugez pas encore au bon niveau d’ambition. On a besoin de savoir, ou plutôt de comprendre, si vous souhaitez vous inscrire dans une continuité totale ou si vous avez conscience de l’effort sans précédent qui est encore à opérer.
Notre conviction est que cet effort passe par la mise en place rapide de politiques publiques, d’une ambition inédite, qui participent à revitaliser la démocratie, mettre en place un bouclier social pour protéger les plus modestes et nous permettent de lutter et nous adapter à la crise écologique.
J’ajoute sciemment le terme adapter car nous avons d’ores et déjà transformé le climat de façon irréversible. Nous allons donc devoir apprendre à vivre avec des phénomènes extrêmes  C’est cela l’adaptation, et donc en creux la sécurité et la protection des Néo-Aquitains. Cette notion d’adaptation doit dorénavant se trouver au centre de tous les arbitrages.
Donc encore une fois, nous avons besoin de mieux cerner votre plan d’urgence, votre stratégie face à la situation que nous vivons. Aujourd’hui, je ne la connais pas et à ce stade je ne perçois qu’une forme de continuité alors que le temps et les événements, eux, s’accélèrent.
Notre conviction est que l’on ne peut plus fabriquer des politiques publiques en vase clos, entre quelques élus, mal élus par ailleurs au regard de l’abstention, et des fonctionnaires aussi brillants et compétents soient-ils. Nous devons tester de nouveaux chemins, accepter d’être bousculés et ouvrir notre institution à l’innovation, pas uniquement technologique, mais aussi démocratique.
La création d’une convention citoyenne régionale, que nous proposons via une motion, dont nous débattrons tout à l’heure, s’inscrit dans cet esprit. Nous faisons le pari de l’intelligence collective, et… j’espère que vous partagerez cette audace, cet espoir et cette conviction.
Merci pour votre attention et surtout vos réponses.
[Seul le prononcé fait foi]