Intervention de Christine Seguinau : accord régional de relance

Monsieur le président, cher.e.s collègues,

Cet accord de relance, dont l’État a imposé la signature en cette fin d’année, nous interroge à plus d’un titre.

Il est censé être un premier volet du contrat de plan État-Région 2021-2027. Il est censé donner les moyens d’une relance.

Mais où est la vision du monde qui nous permettrait de nous relever de la grave crise dans laquelle nous sommes entrés? Nos commerces de proximité agonisent, des licenciements massifs se préparent, nos entreprises, concitoyens souffrent, le recours à l’aide alimentaire explose, le changement climatique s’emballe.

Mais où est la stratégie, où est le «plan»? Où est la relance?

En fait, ce plan de relance fait dans l’opportunisme au lieu de saisir l’opportunité de la relance!

Pour l’essentiel, il compile des projets qu’on a ressorti des cartons, quand ce ne sont pas des projets de l’ancien monde.

1,3 milliard de l’État, autant de la Région, pour faire quoi? On ne connaît même pas les montants que l’État consacrera à la plupart des projets listés. C’est le grand flou organisé, pour permettre au gouvernement de faire de la communication sur les territoires en 2021 et 2022, avec les échéances que nous avons tous bien en tête…

Parmi les projets d’un autre âge, je vous épargnerai une liste à la Prévert. Je citerai juste le projet Imagiland. Il s’agit d’un projet de parc d’attraction sur les vieux héros de BD, qui serait construit près d’Angoulême et qui coche à peu près toutes les cases.

On va donc aller artificialiser une zone humide – car oui, la biodiversité est revenue et s’épanouit dans l’ancienne carrière où sont les terrains à sacrifier -, aux bons soins du groupe Vinci et d’un investisseur chinois.

Et la Région irait soutenir cela, malgré ses engagements dans le SRADDET, malgré ses intentions affichées dans NéoTerra? Dire que les écologistes sont contre ce projet est une évidence. Même les acteurs locaux de la bande dessinée légèrement associés au projet ne soutiennent pas pour l’instant ce projet. Nous demandons le retrait de ce projet.

Sur le volet cohésion des territoires, on sait que les délais de construction de l’accord de relance et l’attitude de l’État n’ont pas facilité les choses. Mais c’est sur ce volet particulièrement qu’on cherche la vision stratégique de ce qu’est la relance. Les projets semblent plus choisis pour leur rapidité de mise en œuvre que pour leur pertinence à construire l’après-Covid. Et comme je le disais, l’État n’est la plupart du temps même pas capable de s’engager sur des montants clairement fléchés. La répartition sur les territoires n’est pas non plus satisfaisante.

Il y a des projets très intéressants, comme le tiers-lieu à Poitiers.

Mais l’État envisage de négocier des contrats en parallèle avec les départements, voire avec les EPCI, est encore un affront pour le rôle structurant que la Région doit avoir.

Enfin, il y a un point particulièrement gênant. On entend partout la ministre de la transition écologique prétendre qu’elle a obtenu 30 milliards dans le plan de relance. 30 milliards! Alors regardons ce qui est dans cet accord de relance sur la transition écologique : 39M€ de l’État, et encore, hors plan de relance si on en croit les tableaux. Soit 1,3% du total. Avec ce qu’engage la Région sur ce volet, on atteint 4,6%.

Pardon, mais ça nous semble incroyable. Avec les défis qui sont devant nous, comment pouvons-nous consacrer si peu à la transition vers un avenir soutenable ?

On voit d’ailleurs à quel point l’État continue à choyer les routes et le transport routier puisqu’il va y mettre 475 M€! On appréciera la disproportion entre le discours et les actes…

On peut se réjouir, et nous le soulignons, des crédits importants mis sur le transport ferroviaire.

En tout 950 M€, dont 536 mis par la Région et 414 pour l’État, qui avait d’ailleurs beaucoup de retard sur ses engagements précédents. Nous soutenons particulièrement la rénovation de la ligne Poitiers-Limoges, mais aussi Niort-Saintes, Nantes-Bordeaux, le POLT et tous les investissements sur la régénération des lignes qui irriguent la région.

Notre groupe s’abstiendra sur cette délibération.

Je vous remercie
[Seul le prononcé fait foi]