Contribution au monde d’après #06 – Prendre toute la mesure de cette essentielle éducation à l’environnement dans les politiques publiques régionales

Saurons-nous tirer les leçons de la crise sanitaire du COVID19, pour rendre le monde un peu meilleur qu’il ne l’était avant le confinement ?

Nous l’espérons, nous nous y engageons au quotidien. Pour donner à voir notre « monde d’après », plus écologique, plus résilient, vos élu·e·s prennent la plume ! Dans des tribunes libres, ils et elles évoquent des enjeux plus ou moins larges, qui se projettent à court terme ou à long terme, mais qui ont un point commun : celui de dessiner les évolutions à conduire dans notre Région, vers un avenir optimiste et porteur de solutions.

Comme nous l’avons écrit dans notre tribune « Pour une Nouvelle-Aquitaine résiliente » du 28 avril 2020, la période est historique et l’opportunité rare de réorienter les soutiens de la Région, avec des conditions permettant d’appliquer sans tergiverser les principes de Neoterra pour un plan de relance durable et soutenable.

Nous, groupe écologiste et citoyen de la région Nouvelle-Aquitaine, pensons nécessaire de co-construire ces politiques nouvelles entre les citoyens et les élu·e·s. Seule la confiance en cette intelligence collective répondra à l’impératif de résilience.

Les leviers à la portée de notre collectivité sont nombreux pour répondre à ces nouvelles aspirations : agriculture et alimentation, lycée, enseignement supérieur, économie, tourisme, déchets, énergie, culture, sport ou encore mobilités. Des outils au service d’une région résiliente et au service des victimes de la crise, nos concitoyens.

Contribution au monde d’après #06

Dülmen, Naturschutzgebiet -Am Enteborn- -- 2014 -- 0202.jpgPar Dietmar Rabich, CC BY-SA 4.0

Prendre toute la mesure de cette essentielle éducation à l’environnement dans les politiques publiques régionales

Dans le cadre de l’Éducation à l’environnement nature pour un développement soutenable (ENEDS), nous avons voulu privilégier une approche affective et sensorielle du milieu : pratiques de terrain, dans et avec la nature et l’environnement, croisées avec l’expérience de la personne à la fois corporelle, émotionnelle et cognitive.

Longtemps, nous avions concentré nos efforts sur la sensibilisation aux éco-gestes en délaissant un peu l’apprentissage du contact avec la nature. Depuis, nous avons recentré notre politique, tant pour les enfants et les adolescents que les adultes, sur l’environnement extérieur comme support d’apprentissage afin de réapprendre à s’émerveiller devant la nature : cet émerveillement est le premier pas vers le respect et l’envie de protéger.

Restaurer le lien avec la nature

La découverte ou la compréhension de la vulnérabilité des équilibres qui lient l’homme et la nature doivent permettre de convaincre définitivement du bienfondé d’agir en faveur de la protection de l’environnement, c’est-à-dire ne pas contribuer à l’érosion de la biodiversité par méconnaissance des enjeux.

L’ENEDS permet de faire passer des messages complexes à des publics variés. Elle propose des méthodes pédagogiques participatives et non culpabilisantes visant à stimuler par l’expérience, motiver et autonomiser les apprenants  pour qu’ils modifient leurs comportements et deviennent les acteurs de la protection de l’environnement et d’un développement soutenable. Elle vise ainsi à doter les individus des comportements, compétences et connaissances qui leur permettront de se responsabiliser, de prendre des décisions éclairées pour eux-mêmes et les autres.

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Par Nature — https://www.nature.com/static/images/logos/nature-logo-40.21a62d60b0.svg

Il s’agit ici de s’appuyer sur des acteurs ENEDS (têtes de Réseaux comme les GRAINE, les CPIE, l’IFREE, etc.) pour animer un dialogue territorial autour des enjeux de la Nouvelle-Aquitaine et diffuser ce savoir-faire à d’autres secteurs d’activités. Les offres d’animations et de médiations sont plus nombreuses, plus diversifiées proposant des approches de terrain naturalistes, sensorielles, artistiques, scientifiques, ludiques. Nous accompagnons également les structures infra-départementales via un Appel à Projets « Éducation Nature » et les projets des lycéens via un Appel à Manifestation d’Intérêt « Sciences Grandeur Nature ».

Il faut continuer à structurer l’information et l’orientation du public vers les centres de ressources, les portails ou plateformes d’information ainsi que vers les acteurs relais. Nous souhaitons favoriser les initiatives locales ancrées dans ces territoires. Nous incitons à une structuration avec les associations têtes de réseau identifiées au niveau régional, et à une construction de programmes d’animation ou de médiations annuels pour étendre au territoire néo-aquitain les outils ou animations testées localement.

Dans le cadre de la mise en œuvre de NéoTerra : quels prolongements ?

NeoTerra est un changement de paradigme pour la collectivité régionale et au-delà. NeoTerra réinterroge notre rapport au monde, notre environnement devenant sujet de Droit(s).

L’éducation à l’environnement peut être le moteur de ce changement car la non éducation à l’environnement a un coût : un coût économique, un coût social et un coût environnemental de plus en plus marqué.

Michel Serres, dans Le Contrat Naturel, précise les fondements de ce changement : « le symbiote admet le droit de l’hôte, alors que le parasite – notre statut actuel – condamne à mort celui qu’il pille et qu’il habite sans prendre conscience qu’à terme il se condamne lui-même à disparaître ».

Mejsene fodres-4.jpgPar Villy Fink Isaksen — Travail personnel, CC BY-SA 4.0

L’éducation à l’environnement doit être le support nous permettant de construire cette association indissoluble de coopération avec le Vivant dont nous partageons le destin. Pour construire ce destin commun, il faut dépasser l’adaptation-ajustement pour passer à une éducation adaptation-transformation.

La force de NeoTerra réside dans la volonté de construire cet horizon via une information scientifique fiable et une pédagogie de la transformation qui permet aussi de lutter efficacement contre les fake-news et notamment le climatoscepticisme.

Il est temps de proposer de nouveaux possibles** dans cette période post-covid particulièrement difficile et anxiogène.

Contribuer à faire territoire en Éducation à l’environnement

L’innovation ne passera que par la rencontre et la concertation des différents acteurs au sein des territoires : élus, entreprises, État, collectivités territoriales, associations, chambres consulaires, etc. Les outils existants comme l’Institut de Formation et Recherche en Éducation à l’Environnement doivent être consolidés pour former les formateurs et fonder l’expertise de la concertation dans les territoires y compris autour des questions socialement « vives » (par exemple : méthanisation, éoliennes, etc.)

Décloisonner l’éducation à l’environnement dans nos territoires passe également par des synergies avec les acteurs de la solidarité internationale. Le prisme des objectifs de développement durable défini par l’ONU doit être notre feuille de route régionale, car il nous donne un cadre de référence, un logiciel commun du local au global.

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Par Paolo Redwings from london, UK — landart 3, CC BY 2.0

Créer une chaire universitaire consacrée à l’éducation à l’environnement sur le modèle de ce qui se fait à l’UQAM au Québec serait un accélérateur de transition.

L’Art peut être également au service de la prise de conscience de l’urgence écologique. Ainsi, l’expérience récente de Gilles Clément sur l’Ile d’Aix est particulièrement intéressante :  l’exposition multisite, Îles jardins îles paradis, réunissant les regards du jardinier philosophe, Gilles Clément, et de l’aquapoète transfrontière, Patrick Beaulieu, conjuguait ainsi art, écologie et poétique du vivant.

Stéphane Trifiletti, conseiller régional, élu de la Charente-Maritime, délégué à l’éducation à l’environnement.
Katia Bourdin, conseillère régionale, élue de la Charente-Maritime, Présidente commission Culture – Patrimoine – Identités régionales – Sports – Jeunesse – Solidarités – Handicap – Élue de territoire Ile-de-Ré / CA de la Rochelle / Aunis.
Lionel Frel, conseiller régional, élu de la Dordogne, membre du groupe inter assemblées – Éducation – Lycées Maîtrise d’ouvrage.

**https://blogs.mediapart.fr/les-invites-de-mediapart/blog/010520/apres-le-confinement-faisons-l-ecole-dehors