Contribution au monde d’après #05 – La transition énergétique ne peut plus attendre

Saurons-nous tirer les leçons de la crise sanitaire du COVID19, pour rendre le monde un peu meilleur qu’il ne l’était avant le confinement ?

Nous l’espérons, nous nous y engageons au quotidien. Pour donner à voir notre « monde d’après », plus écologique, plus résilient, vos élu·e·s prennent la plume ! Dans des tribunes libres, ils et elles évoquent des enjeux plus ou moins larges, qui se projettent à court terme ou à long terme, mais qui ont un point commun : celui de dessiner les évolutions à conduire dans notre Région, vers un avenir optimiste et porteur de solutions.

Comme nous l’avons écrit dans notre tribune « Pour une Nouvelle-Aquitaine résiliente » du 28 avril 2020, la période est historique et l’opportunité rare de réorienter les soutiens de la Région, avec des conditions permettant d’appliquer sans tergiverser les principes de Neoterra pour un plan de relance durable et soutenable.

Nous, groupe écologiste et citoyen de la région Nouvelle-Aquitaine, pensons nécessaire de co-construire ces politiques nouvelles entre les citoyens et les élu·e·s. Seule la confiance en cette intelligence collective répondra à l’impératif de résilience.

Les leviers à la portée de notre collectivité sont nombreux pour répondre à ces nouvelles aspirations : agriculture et alimentation, lycée, enseignement supérieur, économie, tourisme, déchets, énergie, culture, sport ou encore mobilités. Des outils au service d’une région résiliente et au service des victimes de la crise, nos concitoyens.

Contribution au monde d’après #05

La surconsommation des énergies fossiles est le point commun des crises climatique, sanitaire et sociale

L’énergie constitue une ressource essentielle pour les activités humaines et l’économie. Chacun sait maintenant que son utilisation grandissante et son gaspillage engendrent des émissions de gaz à effet de serre, responsables de l’augmentation de la température globale de notre planète. Et la Nouvelle-Aquitaine y prend sa part de près de 10% de la consommation française.

Le réchauffement planétaire nous obligeait déjà à développer des solutions pour réduire notre impact environnemental, augmenter notre autonomie énergétique vis-à-vis des énergies fossiles (gaz, pétrole, charbon) et créer de nouvelles solidarités humaines par une transition énergétique et climatique volontariste.

La crise sanitaire actuelle est elle aussi le fruit d’une détérioration écologique majeure et continue : empoisonnement généralisé des sols par les pesticides, marées noires, asphyxie des mers et des océans par le plastique, concentration des polluants automobiles provoquant des maladies respiratoires, etc.

La détresse sociale qui s’ensuivra, qui est la conséquence de ces deux crises climatique et sanitaire, est désormais inéluctable et ses impacts se ressentiront tant localement (chômage et misère) qu’à l’échelle mondiale (guerres et famines).

Concernée au premier chef, la Région Nouvelle-Aquitaine consciente des enjeux

Chaque pays, mais aussi chaque collectivité comme les communes, les Départements et les Régions vont donc devoir urgemment revoir le modèle d’hier, basé sur la gabegie d’énergie. Cette transition est encore plus indispensable pour la résilience de la Nouvelle-Aquitaine, région particulièrement sensible aux changements climatiques.

Nous devons faire preuve de radicalité pragmatique car notre combat contre les dérèglements climatiques nécessite une approche systémique, globale et transversale. L’avenir est aux économies d’énergie dans tous les domaines et à la réduction des gaspillages (comme ce litre de lait qui traverse 3 pays d’Europe, soit 1 300 km en camion).

La production locale d’énergies renouvelables est cruciale et pourra se faire grâce à l’énergie gratuite du vent, du soleil, de la biomasse agricole, de la forêt, de la mer, etc. Une vision d’avenir pour une meilleure résilience du territoire passera aussi par une relocalisation des industries de la filière énergétique, ainsi que par l’implication directe des citoyens et des communes dans la construction de projets territoriaux répondant aux besoins et aux usages locaux.

D’ores et déjà, sous l’impulsion des élu·e·s écologistes, la Région agit :

  • Création d’un outil de travail engageant une approche systémique en interne, le COPTEC (Conseil Permanent de la Transition Énergétique et du Climat), et en externe, avec son comité régional des acteurs ;
  • Mise en place de dispositifs de soutien aux économies d’énergie à destination des collectivités, des associations, des particuliers et des entreprises dans les secteurs du bâtiment, du logement, de procédés industriels, etc ;
  • Développement de documents de planification : volet climat air énergie du SRADDET (Schéma régional d’aménagement, de développement durable et d’égalité des territoires), SRB (Schéma régional biomasse), PREE (Programme régional pour l’efficacité énergétique), scénario 100% gaz vert ;
  • Soutien à l’émergence des collectifs citoyens et aux projets co-construits sur les territoires ;
  • Structuration de filières dans leur globalité (production, distribution, utilisation) dans les secteurs de l’écoconstruction (matériaux biosourcés : chanvre, paille, bois, etc.), l’hydrogène, le gaz « vert », etc ;
  • Création d’un cluster « Énergie et Stockage » permettant de pallier l’intermittence de certaines énergies renouvelables tout en développant des activités économiques sur notre territoire régional.

L’incourtournable triptyque de la transition énergétique : sobriété énergétique, efficacité énergétique et énergies renouvelables

Les premières mesures sont enclenchées en Nouvelle-Aquitaine, mais leurs résultats seront largement en deçà de notre contribution nécessaire : le trimestre de confinement de la moitié de la population mondiale et d’arrêt de l’activité dans les pays industrialisés – entraînant une baisse prévisible de 8% des gaz à effet de serre-, va juste permettre en 2020 de respecter les accords de Paris.

Il faudrait que nous maintenions ce rythme de baisse pendant 10 ans pour respecter cette feuille de route et éviter la catastrophe climatique ! Pour y réussir, nous devons donc à la fois révolutionner les consciences de nos concitoyens, mobiliser d’énormes moyens au service d’une exigence écologique inédite, et protéger urgemment les plus fragiles via :

  • Un Plan régional de sauvegarde énergétique (avec les bailleurs sociaux) en faveur des 15 % des familles de Nouvelle-Aquitaine en précarité énergétique qui n’arrivent pas à payer leurs factures de chauffage et de carburant ;
  • La création de collectifs citoyens impliqués sur les questions d’économies d’énergie et de développement des énergies renouvelables et accompagnement de leurs projets ;
  • Le développement de projets d’ombrières photovoltaïques associés à des dispositifs de recharge de véhicules électriques (vélo, voiture, utilitaires, etc.) dans chaque commune ;
  • Le soutien aux agriculteurs-éleveurs pour des unités de biogaz dans chaque communauté de communes et agglomérations ;
  • La relocalisation d’industries innovantes impliquées du domaine de l’énergie ;
  • La création du programme « toute nouvelle construction est à énergie positive ».

Tout ceci est réalisable tout de suite et financièrement viable. De plus en plus nombreux sont les citoyens prêts à investir dans des projets économiques qui font sens, qui créent et maintiennent des emplois locaux, qui protègent la planète et garantissent une qualité de vie pour les générations futures. Tenter de réparer l’irréparable est pour eux une façon intelligente d’anticiper les nécessaires adaptations aux dérèglements climatiques plutôt que de les subir. Alors écoutons-les et faisons-le.

Tous les projets, toutes les initiatives peuvent se multiplier en lien avec la Région, chef de file dans le domaine des transitions énergétique et écologique, si les collectivités, prennent leurs responsabilités et entraînent l’État dans leur sillage pour construire des partenariats de longue durée avec des entreprises pour soutenir l’innovation vertueuse tout en structurant des filières locales non délocalisables.

La souveraineté énergétique, la lutte contre le changement climatique et la vitalité de notre économie sont maintenant en jeu, et donc à terme la survie de notre modèle de civilisation.

Françoise Coutant, vice-présidente à la transition énergétique et au climat, élue de la Charente.
Maryse Combres, déléguée à l’efficacité énergétique et aux énergies renouvelables, élue du Lot-et-Garonne.
Laurence Motoman, présidente du GIA (groupe inter assemblées) transition écologique et énergétique, élue des Landes.