Prolifération des virucides et des déchets pendant le Covid19 : quels impacts sur la biodiversité et la santé ?
Communiqué de presse Groupe écologiste et citoyen - Eelv au Conseil régional de Nouvelle-Aquitaine 14 mai 2020
Les élu·e·s écologistes de la Région Nouvelle-Aquitaine s’alarment de l’impact sur l’environnement et les personnes des produits utilisés pour désinfecter les rues, les transports en commun, les entreprises, les bureaux, les établissements scolaires, les établissements de santé… pendant et à la sortie du confinement lié à la crise sanitaire du Covid19.
Dès la mi-mars, certaines villes ont fait le choix de nettoyer leurs rues en recourant à de la javel, dont le Haut Conseil de la santé publique a indiqué dès le 7 avril 2020 qu’il n’existait pas « d’argument scientifique » permettant de justifier ces désinfections urbaines.
Un avis partagé par l’Agence régionale de santé d’Île-de-France qui jugeait à la même période que l’aspersion de javel dans les rues s’avérait « inutile et dangereux » pour l’environnement.
Pour autant, aucune communication n’a été faite sur l’impact des pollutions que ces utilisations massives de virucides ont généré dans les eaux, dans les sols et dans l’air.
Avec la date annoncée du déconfinement, la désinfection s’est intensivement déployée dans les milieux fermés : bureaux, classes, trains, cars, trams… On a alors vu se multiplier les images de techniciens intégralement protégés par des combinaisons, des masques panoramiques et des gants et équipés d’appareils appliquant les protocoles de désinfection. Des protocoles validés par le gouvernement contre le Covid19, comme l’expliquait le technicien hygiéniste d’une entreprise de nettoyage néo-aquitaine, mais utilisant des produits « dont le seul défaut est d’être très agressif pour l’environnement » (1). A noter que l’agressivité des biocides touche l’ensemble du vivant.
Cependant, nous voyons une autre alerte, tout aussi inquiétante, se profiler au-delà de l’impact environnemental des virucides : l’afflux subit et massif de matériels de protection à usage unique (masques, gants, etc.) depuis le début de la crise du Covid19 déséquilibre gravement la gestion des déchets que les contraintes sanitaires rendaient déjà très complexes
Quels seront les protocoles appliqués à ces déchets (masques, combinaisons intégrales et autres gants), quand la gestion des autres déchets est largement dominée par l’incinération ou l’enfouissement ?
C’est pourquoi nous appelons à une transparence totale sur la création et le suivi de filières spécifiques à la gestion de ces déchets hautement pollués, dont le volume restera très élevé pendant de nombreux mois. La publication d’un suivi hebdomadaire par les autorités préfectorales qui consoliderait les remontées de chaque établissement public de coopération intercommunale responsable pourrait assurer cette transparence.
Nous demandons également, à l’instar du personnel hospitalier, une vigilance renforcée pour les salariés travaillant dans les secteurs de l’environnement comme les déchets et l’assainissement, du fait de leur exposition aux substances contaminées
Parvenir à traiter de manière exemplaire ces déchets spécifiques est une gageure mais de sa réussite pourraient découler des pistes pour repenser les filières déchets dans le monde « d’après ».
Le groupe des élu·e·s écologistes et citoyens au Conseil régional de Nouvelle-Aquitaine
(1) https://www.sudouest.fr/2020/04/17/desinfection-le-duel-javel-ozone-a-debute-7418344-4344.php