Contrat de partenariat relatif à l’implantation de l’entreprise Flying Wales en Nouvelle-Aquitaine
Intervention de Jean-louis Pagès en séance plénière du 22 octobre 2019
Monsieur le président, mes chers collègues,
Les écologistes se réjouissent de voir la Région s’engager de façon particulièrement volontariste et en y mettant d’énormes moyens pour porter ce projet de dirigeables à destination de l’agroforesterie ou le transport de pales d’éoliennes, ce qui représente un marché énorme et va assurer quelques centaines d’emploi sur place, en Gironde mais aussi sur d’autres sites de la Nouvelle-Aquitaine.
L’aéronef plus léger que l’air, donc avec une empreinte carbone des plus réduites, est ainsi une technologie écologiste au service de l’écologie. Ces engins hauts comme des immeubles de 12 étages, et longs de 120 mètres, comme des A380, sont capables de transporter des charges de 60 tonnes sans infrastructure logistique au LMD « la livraison du dernier kilomètre » et consomment dix fois moins qu’un hélicoptère rapporté à la tonne transportée. On nous promet aussi à terme une traction électrique.
Il y a toutefois deux points de vigilance, qui sont liés au gigantisme de ces baleines volantes, comme ces hectares de hangars de 60 mètres de hauteur et ces pistes d’envol qui risquent de provoquer une artificialisation accrue des terres agricoles. Nous souhaiterions que les lieux d’implantation retenus mettent à profit des friches industrielles déjà existantes et des bordures d’aéroports.
Le second point de vigilance est toujours écologique, mais plus technique et a trait à l’empreinte écologique elle-même qui comptabilise la pression exercée globalement par les activités d’une entreprise sur les ressources naturelles. Pour Flying Whales, il s’agit de l’hélium : chaque aéronef est gonflé d’environ 20 000 m3 de ce gaz inerte aux applications industrielles très nombreuses, liées à ses capacités de refroidissement, et qui vont de la combustion des fusées aux dispositifs médicaux des IRM, ou aux accélérateurs de particules.
Ce marché est considéré par les États comme hautement stratégique avec des ressources extractives très spécifiques (Amérique du Nord et péninsule arabique) liées à l’exploitation des hydrocarbures et on peut dire qu’il est aussi volatile que le gaz lui-même. Les prix ont par exemple augmenté de 139 % depuis un an, pour deux raisons géostratégiques complexes, au point que des analystes du secteur ont pointé une période prévisible de pénurie dans les années qui viennent.
Nous allons voter bien sûr pour cette délibération qui a le mérite supplémentaire de montrer que notre appréciation des activités d’une entreprise dans le nouveau cadre de NéoTerra doit tenir compte de l’empreinte écologique globale (les scopes 2 et 3) et donc pas seulement de l’impact environnemental direct lié au cycle de production, mais aussi de l’impact écologique de l’usage de ses produits ainsi que celui des conditions d’obtention des ressources qui lui permettent de fonctionner.
Je vous remercie.
[Seul le prononcé fait foi]