Intervention relative au partenariat avec la ligue de football Nouvelle-Aquitaine et APP pour la réalisation de terrains de football synthétiques
Intervention de Stéphane Trifiletti sur le partenariat avec la ligue de football Nouvelle-Aquitaine et APP pour la réalisation de terrains de football synthétiques
Monsieur le Président, mes chers collègues,
Les amoureux du foot les plus anciens comprendront (jusqu’en 2004), carton vert à cette délibération : il faut intervenir et évacuer cette délibération pour la soigner et la rendre opératoire car nous souhaitons que la pratique du foot soit une opportunité pour toutes et tous dans nos territoires en transition.
Certes les terrains synthétiques évoqués n’utilisent plus de granulats de pneus recyclés. C’est heureux et j’en profite d’ailleurs pour souligner la nécessité d’un plan de remplacement pour la majorité des 72 terrains existants en Nouvelle-Aquitaine qui utilisent encore ces granulats de pneus recyclés potentiellement cancérigènes.
Mais cette délibération mentionne un autre caoutchouc, l’EPDM (éthylène-propylène-diène monomère) : caoutchouc à base de pétrole, au risque de vieillissement prématurée, dont la France est d’ailleurs importatrice nette (2400 euros la tonne). A l’heure des nécessaires efforts pour ne plus utiliser de plastique ou de produits proches, allons-nous y faire appel pour recouvrir des surfaces de terre de presque un hectare par terrain supplémentaire ?
Le bilan écologique global du stade synthétique doit guider notre réflexion de sa fabrication à son démantèlement et à son recyclage. Et là, clairement le compte n’y est pas !
Les terrains synthétiques sont chers, y compris à l’entretien, car souvent très arrosé ce qui est un comble (glisse, chaleur, nettoyage…). De plus, la nécessité d’un bon entretien, notamment la désinfection et les nettoyage périodiques : retirer les cheveux, les restes de peau, la sueur, les crachats, le sang, ainsi que les excréments d’animaux… Dans tous les cas, son installation coûte plus cher qu’un gazon naturel, et il faut le remplacer tous les 10 ans en moyenne. La fabrication d’un synthétique va dégager des centaines de tonnes de GES, alors que le bilan du naturel c’est une captation de 12 tonnes de GES sur son cycle de vie.
Le problème numéro 1 du synthétique c’est le flux de matière, de la fabrication à l’utilisation. On est sur environ 500 tonnes de déchets pour le naturel, alors que le synthétique, sur la même période de 40 ans (incluant donc 4 remplacements du synthétique ), produira plutôt 3 800 tonnes… à recycler.
Donc le bilan du synthétique est très négatif, au contraire du gazon naturel qui lui, est bon pour le climat, la biodiversité, la régulation de la température. De plus, les espaces végétalisés sont aussi vertueux pour le cycle de l’eau via la ré-évaporation, facteurs de réduction du phénomène d’îlot de chaleur grâce à l’absorption du rayonnement solaire, capteurs de polluants atmosphériques, notamment les micro-particules et… surtout bien plus agréable à jouer et bien moins chauds. D’ailleurs le temps d’indisponibilité de ces terrains liés aux surchauffes ira grandissant.
Enfin question éthique : Les enfants d’aujourd’hui grandissent dans une large mesure dans des environnements artificiels. Avec la popularité croissante des terrains en gazon synthétique, leur expérience de nature n’aura jamais été aussi pauvre.
Pour toutes ces raisons nous vous proposons Monsieur le président de retirer cette délibération pour réfléchir ensemble à ces problématiques de manière apaisée. Nous voterons contre cette délibération si celle ci devait rester en l’état.
Quelques pistes quant au carton vert pour soigner, réparer, proposer des améliorations et des tactiques de jeu résilientes pour nos territoires.
Nous proposons et portons à débat, d’ores et déjà, de devenir première Région avec des terrains de football bio-nature-vivant et faire de notre pseudo retard par rapport au synthétique une opportunité pour imaginer les solutions nature du futur.
La Nouvelle-Aquitaine pourrait suivre par exemple les pratiques se rapprochant de la bio en agriculture : gestion différenciée, amendements organiques associés à des sols vivants plus souples ne nécessitant plus d’engrais chimiques…
En Angleterre, le club de Forest Green Rovers (4ème division) fait rimer football et écologie : pelouse bio , agriculture, bouse de vache, urbanisme paysager… à méditer.
Voilà qui confirme une intuition : le football, c’est bon pour le vivant et nos territoires. Nous ne proposons rien d’autre qu’un « catenaccio homme-nature » pour une Champion Nature League en Nouvelle Aquitaine !
Je vous remercie.
[Seul le prononcé fait foi]
Suite à cette intervention la délibération a été retirée pour être réécrite. Stéphane Trifiletti est intervenu le 25 juin pour annoncer l’abstention du groupe sur la seconde version de la délibération estimant que, malgré quelques progrès, celle-ci n’allait toujours pas assez loin dans les prioncipes éco-responsables et de précautions sanitaires et environnementaux qui doivent guider ces projets.