Propos introductifs de Léonore Moncond’huy
Monsieur le Président, mes chers collègues,
Cette nouvelle séance plénière s’ouvre sur un paysage politique recomposé.
Nous sommes heureux que le besoin d’écologie soit enfin reconnu par les citoyens. Les jeunes, en particulier, ont porté avec nous l’espérance qu’un avenir vivable était encore possible, et ont fait confiance en l’écologie politique et en l’Europe pour construire cet avenir.
Nous ne nous réjouissons pas, pour autant, du contexte mondial qui rend l’urgence écologique plus pressante que jamais. S’ouvre cette semaine une vague caniculaire inédite pour un mois de juin, une chaleur qui nous collera à la peau, comme un rappel de l’urgence d’agir.
Mais face à ce contexte, nous n’avons pas tous la même réponse.
En France, et dans notre Région, le Rassemblement National arrive en tête : l’arrivée au pouvoir d’un bloc politique fort, identitaire et nationaliste est à portée d’isoloir. Et ils ont aussi un projet pour répondre à la crise écologique ! Un projet qui, lorsqu’on l’écoute -au-delà des spécimens qui se la jouent climatosceptiques- fait froid dans le dos, car il semble cohérent : sous couvert de « localisme », derrière l’idée séduisante de privilégier les circuits courts, c’est une réponse fondée sur le repli sur soi, sur la fermeture des territoires, notamment face aux réfugiés climatiques, et sur la prise en main anti-démocratique et autoritaire de la crise écologique.
Face à cette menace, qui met l’urgence démocratique quasiment au même plan que l’urgence écologique, le macronisme ne constitue pas un rempart. Il nous promettait une rupture avec le vieux monde ? Que ce soit la politique économique ultra-libérale, que ce soient les pratiques démocratiques descendantes, que ce soit la brutalité avec laquelle sont traités celles et ceux qui interpellent le gouvernement : où que l’on regarde, il semble que le vieux monde a encore de beaux jours devant lui. Ou en tout cas, que leur nouveau monde ne sera pas à la hauteur des enjeux écologiques – encore hier était confirmée la fermeture du fameux « train de Rungis », qui va jeter 25000 camions sur les routes…
Ce qui se joue dans cette nouvelle division en trois espaces, le nationalisme, le libéralisme, et l’écologie, c’est la possibilité d’engager ou non des politiques à la hauteur des enjeux, à la hauteur des attentes des jeunes générations. Et ces attentes concernent toutes les sensibilités politiques. Cela implique de mettre de son côté ses égos, ses habitudes politiques, ses anciens logiciels en lesquels on croyait pourtant, mais qui sont dépassés, pour s’engager dans une communauté d’action pragmatique et responsable : c’est cela que les citoyens attendent de nous.
Les citoyens attendent que nous portions un engagement et un message écologique clairs, sans conditions, que nous y engagions toutes nos forces. Et, oserais-je dire, pas n’importe quelle écologie : une écologie qui met l’humain, tous les humains, au centre.
Et nous pouvons, chers collègues, leur envoyer ce signal.
S’il y a bien un symbole de ce qu’attendent les citoyens, auquel doit répondre l’engagement des politiques actuels, c’est la sortie des pesticides ! En Nouvelle-Aquitaine, plusieurs « pisseurs de glyphosate » ont montré, à travers des tests d’urine, combien le problème est présent dans le quotidien de nos concitoyens. A Limoges par exemple, chaque personne testée avait de 3 à 36 fois la dose de glyphosate normée par l’Agence de l’Eau, et en moyenne les taux relevés sont 16 fois supérieurs au seuil admis pour l’eau potable ! On connaît tous quelqu’un dont l’on dit pudiquement qu’il est décédé d’une « longue maladie ». Mais sa maladie, il faut le dire, est sans doute liée à l’usage, à l’exposition, à la consommation a son insu de produits, qui perturbent notre immunité. C’est un enjeu de biodiversité, un enjeu sanitaire, un enjeu pour les conditions de travail des agriculteurs. Nous pouvons ensemble, décider d’engager notre Région dans une trajectoire de sortie totale des pesticides, sans condition.
Et ce n’est pas une vue de l’esprit : si nous libérons notre esprit de la conviction que nous ne « pouvons pas », les solutions existent : à nous de savoir les regarder en chaussant nos nouvelles lunettes écologiques communes !
Je vous remercie.
[Seul le prononcé fait foi]