Motion écriture inclusive
Intervention de Jean-louis Pagès en séance plénière du 23 octobre 2018, en réponse à madame Otilia Ferreira
Madame le conseiller régional,
Je crois que c’est ainsi que vous voulez qu’on vous nomme puisque vous expliquez que le premier principe de l’écriture inclusive que vous pourfendez, consiste à dire une maire, ou une autrice, en accordant les fonctions en fonction du genre. Donc madame le conseiller régional, ou mieux madame la conseiller régional peut-être.
De façon surprenante votre amendement souligne que le langage structure notre pensée, et déplorez que la grammaire sexiste (où le masculin l’emporte sur le féminin) est un obstacle à forger des consciences égalitaristes pour finir par demander justement de conserver cette grammaire. Nous avons du mal à suivre un tel raisonnement.
À moins que le mot important dans notre affaire soit justement le conservatisme, que vous défendez mordicus : un signe est votre référence à l’Académie française créée comme un outil de fixation de la langue selon un prétendu bon usage qui est en fait un usage normé pour distinguer ceux qui parlent bien de ceux qui sont censés mal parler. Fort heureusement, la langue a évolué depuis Vaugelas, indépendamment des corsets normatifs que cette institution a cru imposer à la créativité spontanée du français. Vous invoquez ce temple du machisme qui a mis trois siècles et demi pour accepter, nolens volens qu’une femme puisse être reconnue comme une écrivaine pour étayer voter demande.
Soit dit en passant, comment une écriture pourrait-elle constituer un danger mortel pour une langue, alors qu’il s’agit de deux codes différents ?
Monsieur Edwards que vous citez ne semble pas connaître les recherches les plus récentes dans la sémiologie de l’écriture qui montre que l’on ne déchiffre pas les mots en les épelant, donc on ne les bégaie pas, mais on les reconnait en entier d’un seul bloc. Cela signifie qu’avec un minimum d’entraînement, et même tout simplement d’habitude, la lecture inclusive qui utilise les points médians se fait sans aucune difficulté où chacun ou chacune inconsciemment se retrouve. La conscience égalitariste dont vous parlez commence par une prise de conscience de ceux qui sont les premières victimes des inégalités.
Un bon indicateur a contrario de l’opportunité de refuser cet amendement et d’accepter l’écriture inclusive, est la violente réaction du Rassemblement national, que le mot de l’inclusion hérisse lui qui ne rêve que d’exclusion.
Je vous remercie.
[Seul le prononcé fait foi]