Orientations budgétaires Région Nouvelle-Aquitaine 2019
Intervention de Nicolas Gamache en séance plénière du 22 octobre 2018
Monsieur le Président, cher·e·s collègues,
L’heure est grave, tous les voyants sont au rouge, pas seulement pour notre Région, mais pour la vie sur Terre, la faune, la flore et les êtres humains. Mon propos n’est pas de tomber dans le catastrophisme, il s’appuie sur les résultats de scientifiques du monde entier qui tirent la sonnette d’alarme et nous donnent peu de temps pour, non pas inverser la tendance, mais au moins l’infléchir.
Ainsi, c’est dans les 10 prochaines années que se joue l’avenir de l’humanité : le rapport du GIEC est implacable, si nous ne réussissons pas la transition écologique dans ce court laps de temps, en baissant notamment nos émissions de gaz à effet de serre sans franchir le seuil de 2° C supplémentaires par rapport au début de l’ère industrielle, la vie sur Terre deviendra un enfer. Elle l’est déjà pour de nombreuses personnes en certaines parties du globe et nous pouvons en sentir les premiers effets en région.
Lorsque je parle de voyants au rouge, ils ne portent pas sur la bonne tenue de nos finances régionales.
En effet, parmi les satisfécits, je soulignerais l’amélioration de l’épargne (brute et nette).
Je soulignerais également la prudence, à travers la stratégie de -4% sur le fonctionnement au regard des taux de réalisation budgétaire pour lesquels il nous faut certainement nous améliorer, stratégie de maîtrise en fonctionnement qui est gage d’une capacité d’investissement préservée.
Je saluerais le volontarisme sur la jeunesse et les politiques que nous déployons en ce domaine.
Saluons également nos engagements en faveur des circuits alimentaires locaux, des filières bio, notamment et à travers la démarche « Agriculture, alimentation, territoires ».
Enfin, je soulignerais particulièrement notre politique environnementale (et économique des territoires) volontariste : à travers «Territoires de grande ambition » par exemple, ou encore les fonds de garantie agricoles (30 millions), voire politique PNR et l’exemple du Médoc, on sait que cette politique volontariste nécessite des moyens croissants, mais ils sont un véritable levier de financement pour les territoires, l’effet multiplicateur pour 1 € de la Région est énorme.
Basculer des filières entières sur la transition écologique et énergétique
Cependant, nous ne devons pas nous arrêter à la prudence, le temps qu’il nous reste pour réagir est court. Le contrat passé avec l’État sur la réduction des dépenses de fonctionnement, ne doit pas nous amener à modérer nos ambitions sur la transition écologique de notre économie pour qu’un jour il ne soit définitivement trop tard.
L’adaptation au dérèglement climatique est un luxe dont nous ne pouvons nous satisfaire, nous devons participer à changer le modèle qui nous a conduit à la crise environnementale majeure dans laquelle nous nous trouvons et ne pas rester, comme il est écrit dans les orientations budgétaires, « sur un maintien de nos engagements » et nous devons porter une prospective d’anticipation et pas seulement d’accompagnement.
Des filières entières méritent aujourd’hui notre attention dans leur basculement sur la transition écologique et énergétique : l’agriculture, les industries aéronautiques, automobiles… Nous comptons sur l’accélération des évaluations de politiques publiques qui viennent éclairer la pertinence, la performance et l’efficience des actions de la Région.
Les orientations budgétaires dans la forme mériteraient une présentation un peu plus fournie et surtout plus étoffée sur le fond, comme le souligne aussi par ailleurs le CESER dans son rapport : nous avons ici un document plus technique que politique, les grandes lignes de force ne se dégagent pas assez à notre goût.
Aussi souhaitons-nous que ces lignes soient plus saillantes, notamment dans leur volet « transition écologique », il nous faut parler clairement des enjeux de la biodiversité menacée, de la pénurie des ressources en eau, des réfugiés climatiques et des réponses que nous comptons apporter, dire la ligne que nous voulons suivre… nous devons avoir une exigence sans limite, et vous pouvez compter sur notre groupe pour maintenir cette exigence, politiquement affirmée avec résolution pour répondre aux enjeux que j’évoquais en introduction de mon propos et participer à remettre les voyants au vert !
Je vous remercie.
[Seul le prononcé fait foi]