22 octobre 2018 : un Manifeste pour le climat !

Intervention de Léonore Moncond’huy en séance plénière du 22 octobre 2018

Monsieur le Président, cher·e·s collègues, et je m’adresse à l’ensemble des groupes,

Nous avons ouvert la dernière séance plénière en appelant à une réaction forte, à un avant/après le AcclimaTerra, qui illustrait de manière vertigineuse les effets attendus du changement climatique dans notre Région. Depuis, le rapport du GIEC, les climatologues comme Jean Jouzel, nous donnent 3 ans pour agir, et pour ne pas dépasser la barre des 1,5° – qui, elle, est inéluctable et a déjà des conséquences sur notre territoire. La vigne est un excellent indicateur des évolutions climatiques : les vendanges interviennent désormais 3 semaines plus tôt ; et d’ici peu les rendements de la vigne bordelaise seront moins élevés, alors qu’on pourra désormais produire de grosses quantités de merlot dans la Vienne !

3 ans, c’est justement presque ce qui nous sépare de la fin de notre mandat, c’est aussi l’échéance à laquelle se projettent nos orientations budgétaires. Les Marches du climat de la semaine dernière avaient pour mot d’ordre « Il est encore temps ! » Nous y croyons. Mais d’ici à la fin de notre mandat, il sera trop tard. C’est sur nous que repose la possibilité d’agir ou non dans le temps imparti.

L’atmosphère a changé autour de nous. Lorsque les scientifiques, formidablement mobilisés hors de leurs laboratoires pour accompagner le Train du climat, présentent AcclimaTerra, les questions des citoyens ne portent pas sur le constat, mais sur le « Que faire maintenant ? Pourquoi ne fait-on rien, ou si peu ? ». A qui est-ce de répondre ? Aux scientifiques ? Non, aux politiques, qui brillent malheureusement par leur absence lors de nombreuses de ces conférences. « Maintenant, nous avons besoin de politiques cohérentes et sur le temps long. Pédagogie, courage et constance dans l’effort », nous disent les experts.

Redonner ses lettres de noblesse à la politique

Cette attente citoyenne est une formidable opportunité pour redonner ses lettres de noblesse à la politique. Si nous ne cédons pas à la prostration, au cynisme, ou à la peur sous-jacente qui peut émerger, mais que nous réagissons de manière responsable, gageons que cela suscitera une confiance renouvelée de la part de nos concitoyens. Cela nous permettra d’insuffler un sens nouveau à nos mandats, à l’idéal républicain qui est peut-être le socle de l’engagement de beaucoup d’entre nous. Face à ce défi d’une ampleur inédite pour l’humanité, nous ne pourrons sortir que grandis, au regard de l’Histoire, d’une réaction courageuse et unanime.

Courage, d’abord. Ce serait nous mentir à nous-mêmes, à nos concitoyens, que de laisser penser que nous parviendrons à atteindre la neutralité carbone sans renoncer à un certain nombre de réflexes que nous avons aujourd’hui, qui sont en réalité des privilèges totalement irrationnels au regard des enjeux de demain. L’adaptation est une chose, et nous pourrons y répondre par des investissements massifs ; mais face au réchauffement généralisé la vigne bordelaise ne sera pas sauvée par des super machines ou des super molécules. Cela sera difficile ; mais pour moins subir les changements, il faut les anticiper. Et aider les entreprises, associations, citoyens, à anticiper les transitions nécessaires :  là est notre responsabilité.

Unanimité, ensuite. Depuis le début du mandat, beaucoup de délibérations portées par les écologistes ont été votées à l’unanimité – un grand merci à vous. Mais suivez-nous aussi lorsque nous disons qu’il faut désormais voir plus loin. Nous proposons aujourd’hui à chacune et à chacun d’entre vous de s’engager, quelle que soit son appartenance politique, en signant un Manifeste pour une Nouvelle-Aquitaine à la pointe d’une mobilisation générale, collective et intégrée, à la hauteur des enjeux climatiques.

Arrêtons de financer les modèles qui se fracasseront dans une dizaine d’années !

L’année dernière, les émissions carbone ont augmenté en Nouvelle-Aquitaine. Cela n’est plus acceptable. Arrêtons de financer les modèles qui se fracasseront dans une dizaine d’années ! Par exemple, nous avons voté une stratégie foncière qui devait mettre un arrêt à l’étalement urbain, et on connaît les conséquences aggravantes de l’artificialisation des sols sur le climat et la biodiversité. Soyons plus ambitieux dans sa mise en oeuvre, pour atteindre la neutralité foncière d’ici la fin du mandat. Insérons des clauses environnementales (et sociales !) dans tous nos budgets. Et les orientations budgétaires présentées aujourd’hui nous semblent largement insuffisantes au regard de l’urgence climatique.

Ne pouvant rester sans réagir, nous proposons à l’occasion de cette séance plénière d’impulser un mouvement transpartisan, un appel à la solidarité autour de notre humanité commune, pour faire de notre Région une Région « En marche pour le Climat ». Nous proposons à la signature de chacun et de chacune d’entre vous un Manifeste Pour une Nouvelle-Aquitaine à la pointe d’une mobilisation générale, collective et intégrée, à la hauteur des enjeux climatiques. Nous sommes déjà capables de porter une parole unanime sur nombre de délibérations en faveur du respect de notre écosystème ; il est temps désormais d’engager collectivement un changement plus profond. Nous espérons que cette démarche saura vous convaincre.

Je vous remercie.

[Seul le prononcé fait foi]

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