Compte-rendu commission permanente du 9 octobre 2018
par Françoise Coutant, Vice-présidente en charge du climat et de la transition énergétique
La tenue de la sixième commission permanente du Conseil régional, à Limoges, a coïncidé avec la publication du nouveau rapport du GIEC à l’attention des décideurs politiques. Les scientifiques y pointent les nombreux impacts déjà en cours, et notamment la menace d’emballement au-delà d’1,5°C de réchauffement : vagues de chaleur, extinctions d’espèces, ou déstabilisation des calottes polaires, source de montée des océans sur le long terme.
Les experts climat du GIEC sont formels : le monde devra engager des transformations « rapides » et « sans précédent » dans tous les secteurs (villes, industries, énergie, bâtiment, transports…) s’il veut limiter le réchauffement climatique à 1,5°C, mettant en garde contre des risques accrus au-delà de ce seuil.
Ce rapport pose le décor et le fond des questions liées aux dérèglements climatiques. Il confirme l’urgence établie par le rapport Acclimaterra*, présenté en juin dernier.
Que valide le rapport du GIEC ? Que les énergies renouvelables sont bel et bien et indispensables, mais que la priorité est dans la maîtrise de l’énergie, avec la nécessité de diminuer, voire d’annuler nos émissions de gaz à effet de serre, ainsi que l’a rappelé en séance ma collègue Maryse Combres qui portait la voix de notre groupe pour alerter solennellement l’ensemble des élu-e-s présent-e-s de l’urgence à agir.
En effet, l’enjeu est bien de stopper ces émissions – avec une hypothèse avancée : les séquestrer – sinon on ne restera jamais sur le scénario d’une augmentation des températures de 1,5°C. Or, on sait qu’à +1,5°C et au-delà, la vie sera difficile sur Terre, ne serait-ce que par manque de disponibilité de zones habitables. Attention, toutefois, à l’effet boomerang de la séquestration : les technologies ne sont pas encore matures et il ne s’agit pas de dépenser plus d’énergie et de gaz à effet de serre pour les mettre au point.
L’équation est compliquée, mais des solutions existent qui exigent des engagements concrets : il faut modifier nos comportements, nos systèmes de déplacement, notre modèle agricole. Si on ne met pas en place des politiques courageuses et efficaces on va souffrir, y compris économiquement. Il ne s’agit pas de tout arrêter du jour au lendemain, mais cela fait 20 ans que nous, écologistes, alertons, et nous le disons : les solutions existent, elles demandent simplement des efforts et du courage.
Nous ne pouvons pas engager la survie des générations futures en poursuivant des pratiques d’un autre siècle. Ce ne doit pas être « après moi le déluge » car ce serait fortement égoïste.
Lors de cette commission permanente, seulement 3 millions d’euros ont été attribués dans le chapitre transition énergétique, est-ce suffisant ? Non ! Il est urgent de concevoir la transition énergétique dans toutes ses dimensions transversales.
Engageons des économies d’énergie et d’émissions de gaz à effet de serre dans toutes les politiques de compétences régionales pour atteindre la neutralité carbone en 2050. La diminution des émissions de gaz à effet de serre doit devenir l’alpha et l’oméga de toutes les politiques publiques. Nous devons réduire drastiquement nos émissions de gaz à effet de serre pour permettre au maximum la séquestration naturelle du carbone via nos sols, nos eaux, nos végétaux en les préservant.
Pour passer à la vitesse supérieure, engageons les solutions rapidement et massivement !
* Le rapport Acclimaterra «Anticiper les changements climatiques en Nouvelle-Aquitaine. Pour agir dans les territoires» est le fruit du travail collectif de plus de 240 contributeurs, scientifiques et experts, sous la direction du climatologue Hervé Le Treut. Son objectif : comprendre et prévoir le changement climatique dans notre région, pour mieux agir à la fois sur l’atténuation de ce phénomène et sur l’adaptation de nos milieux et de nos modes de vie et de production. Il fait suite à un premier ouvrage « Les impacts du changement climatique en Aquitaine » publié en 2012 après une commande du Conseil régional.