Intervention de Jean-Louis Pagès sur la feuille de route de soutien à l’économie numérique en Nouvelle-Aquitaine

Par Jean-Louis Pagès – Intervention en séance plénière du 25 juin 2018

Monsieur le président, chèr·e·s collègues,

Nous sommes très intéressés par cette feuille de route pour toutes les raisons qu’on imagine car nous sommes déjà entrés dans une société numérique, et peut-être écologique puisqu’il est évoqué à plusieurs reprises des écosystèmes, terme qui émaille la plupart des études qui nous sont présentées aujourd’hui.

Nous saluons les mesures en faveur des logiciels libres, comme par exemple l’appui aux réseaux Banquiz, dont le nom est un clin d’œil à destination des entreprises qui travaillent sur les applications sous Linux. L’indépendance de nos entreprises par rapport aux systèmes d’exploitation propriétaires est un vrai enjeu d’indépendance nationale, donc un enjeu écologique pour préserver la biodiversité numérique et tenter de résister aux cartel des géants nord-américains.

Nous aimerions que le monde numérique non marchand soit encore mieux pris en compte, afin d’aider les nombreuses associations, qui cherchent à se rendre utiles aux autres en tentant de mettre en œuvre des logiciels collaboratifs et citoyens, plutôt que de focaliser les aides publiques pour la croissance artificielle de  start-up dont le seul objectif est de se revendre au plus offrant.

Nous attendons avec impatience le second volet de ce programme pour aider à construire ce que nous pourrions appeler la citoyenneté numérique, qui est l’antidote aux dangers de l’usage massif et inconsidéré du numérique : l’éducation  nécessaire pour que ne soient pas créés des consommateurs passifs, mais des utilisateurs éclairés et critiques. Selon les écrits clairvoyants de Jacques Ellul, il y a près de quarante années, »il ne faut pas s’imaginer que l’informatique va produire un changement du courant social par elle-même. Il paraît vraisemblable qu’elle entraînera, d’une part, une croissance de l’atomisation sociale et en même temps une centralisation croissante. »

Notre institution ne devra pas succomber à l’illusion du numérique envisagé comme un gadget idéologique, gage de la modernité, et nous faisons confiance à notre institution, et à Mathieu Hazouard en particulier, pour en faire plutôt un bon outil maîtrisé pour favoriser le lien social et la décentralisation, et par exemple l’objectif 12 de généralisation des tiers-lieux dans les zones rurales, les centre-bourgs et les périphéries des grandes villes.

Je vous remercie.

[Seul le prononcé fait foi]