Intervention de Stéphane Trifiletti sur le schéma régional de développement du tourisme et des loisirs en Nouvelle-Aquitaine

Par Stéphane Trifiletti – Intervention en séance plénière du 25 juin 2018

Monsieur le président, cher·e·s collègues,

Permettez-moi tout d’abord de souligner l’ensemble du travail effectué par les services et la vice-présidente Sandrine Derville. Dans ce travail sur ce schéma essentiel, la volonté d’écoute a été constante et réelle avec la prise en compte, le plus souvent, de nos remarques.

Vous le savez, le secteur touristique a parfois tendance à exercer une pression sur les milieux naturels dans le but d’accueillir un nombre plus important de tourisme. Il convient d’être particulièrement sur ce point car si nous maltraitons notre environnement par certains comportements inconsidérés, nous risquons de tarir la source que nous voulons défendre.

Dans le secteur touristique, comme ailleurs, nous devons avoir une approche globale et transversale des enjeux environnementaux et sociétaux, les services écosystémiques impliquant de fait la solidarité écologique.

La Nouvelle-Aquitaine ne peut être un seul terrain de jeu, c’est notre bien commun à préserver et à faire connaître aujourd’hui pour demain.

Cela constitue un point de vigilance particulier pour éviter la course aux équipements, à la croissance infinie dans un monde fini, dans un contexte de dérèglement climatique (rapport Acclimatera) et d’effondrement de la biodiversité (rapport Ecobiose).

J’attire aussi l’attention de cette assemblée sur la dispendieuse publicité dans laquelle plongent certains territoires dans le but d’attirer un nombre croissant de touristes. La concurrence seule est un leurre si on ne raisonne pas en termes de coopération et de complémentarité des territoires.

Nous devons réfléchir à une organisation et une vision soutenables de nos territoires, en prenant en compte notamment des marqueurs comme l’empreinte écologique et l’empreinte touristique.

De nouveaux marqueurs pour nos politiques

Ces marqueurs nouveaux devront être à terme intégrés dans toutes nos politiques.

La prise en compte des impacts globaux du tourisme via une expérimentation des services avec l’Adème est un signal fort de la Région qui va dans le bon sens et que je tiens, au nom de mon groupe, à souligner, mais qui devra passer du stade de l’expérimentation à sa généralisation pour mesurer, comprendre et agir vraiment vers la soutenabilité.

D’autres défis chantiers et propositions dans ce schéma vont évidemment dans le bon sens.
Il faudra intensifier le tourisme en milieu rural parce que c’est une force de notre Nouvelle-Aquitaine par rapport à d’autres régions françaises ; de très nombreux territoires ne demanderaient qu’à recevoir plus de touristes : certaines zones intérieures sont délaissées, alors que d’autres sont surpeuplées. Le chantier fondamental réside donc dans un travail d’amélioration des équilibres en la matière. A terme, il serait peut-être envisageable de travailler sur des seuils de fréquentation, voire sur un numerus clausus, et même sur l’isotropie.

 
Je voudrais aborder un autre point très important liés à nos communs : la question des modes d’accès au tourisme et de l’attractivité.

Il faut encore intensifier les modes d’accès plus doux et collectifs et revoir la sacro-sainte place de l’automobile, des LGV, des aéroports qui restent les modèles dominants au moment où le tourisme favorise la métropolisation, la littoralisation, la spéculation foncière, l’effet tunnel et évidemment engendre des pollutions multiples. Une politique régionale touristique responsable doit favoriser la transition écologique, et doit sortir progressivement du tout pétrole, bref se décarboner.

Permettez-moi un rappel : au niveau mondial le tourisme génère plus de 8% des gaz à effet de serre et ce pourcentage est en augmentation constante, ce qui pose de réels problèmes pour répondre aux grands enjeux du temps, notamment sur le dérèglement climatique et l’effondrement de la biodiversité. N’oublions pas cependant que le transport aérien ne fait pas partie des accords climat.

Notre Région ne peut dans ce cas résolument fonder son modèle de développement sur le low-cost, par exemple, qui, outre ce problème climatique, conduit un certain nombre d’acteurs dans une précarité grandissante.

Nous notons néanmoins les vertus de ce schéma régional qui réfléchit aux problématiques liées au travail précaire, au temps partiel largement répandu dans le secteur ou encore la question cruciale des saisonniers, qui, même si elle n’est pas abordée, doit être au cœur de nos préoccupations.

Je souhaiterais aussi insister sur le point très positif mis en œuvre dans ce schéma, en particulier la volonté de prendre en compte les publics les plus défavorisés, car ne l’oublions pas, ce sont plus de 50 % des Néo-Aquitains qui ne partent jamais en vacances.

Un tourisme à la fois plus égalitaire et plus respectueux de l’environnement doit être le cœur de nos actions pour vivre et faire vivre notre bien commun. Il ne doit pas être considéré comme une marchandise, car il est pour nous toutes et tous un joyau à transmettre de génération en génération.

Nous voterons pour cette délibération.
Je vous remercie.

[Seul le prononcé fait foi]