Incinérateur d’Echillais : un projet fumeux
Les élu.e.s écologistes régionaux, par les voix de Katia Bourdin et Stéphane Trifiletti, demandent au préfet un moratoire sur le projet d’incinérateur d’Echillais, en attendant le plan régional de prévention et gestion des déchets de Nouvelle-Aquitaine, en cours d’élaboration.
Ils ont exprimé cette requête dans l’avis remis le 30 octobre dernier au commissaire en charge de l’enquête publique. Les élu.e.s écologistes dénoncent un projet d’un autre âge, archétype de l’économie linéaire où les ressources sont extraites des sols, puis transportées avant d’être transformées en biens. Après utilisation, elles sont détruites dans l’incinérateur, générant à la fois un immense gâchis de matières premières ainsi que des fumées chargées de polluants toxiques qui participent à l’émission de gaz à effet de serre (GES).
Les élu.e.s écologistes régionaux pointent notamment une lacune inquiétante de l’enquête publique : aucune évaluation de la quantité des émissions de GES n’est prévue. Un manque inacceptable quand l’urgence climatique réclame une réduction drastique de ces GES.
Par ailleurs, les élu.e.s écologistes relèvent l’incompatibilité de ce projet avec une politique ambitieuse d’économie circulaire. En effet, l’énergie récupérée par l’incinération reste minime par rapport à l’énergie consommée pour extraire les ressources, les transporter, produire des biens destinés à devenir des déchets qu’il faut de nouveau transporter… Outre le gâchis conjugué de matières premières et d’énergie, l’incinération envisagée comme unique politique de traitement des déchets, empêche l’émergence d’autres modes de prévention et de valorisation des déchets plus vertueux, tel que le compostage des biodéchets issus de collecte sélective.
Sans oublier que pour fonctionner correctement et assurer une bonne rentabilité financière à l’exploitant, un incinérateur doit avoir ses fours remplis de déchets, 24 heures sur 24 et 365 jours sur 365 : difficile dans ce schéma de mettre en place des politiques de réduction des déchets.
Le projet d’incinérateur d’Echillais n’est donc absolument pas en accord avec les objectifs de la loi sur la transition énergétique en lien avec l’économie circulaire, dont les nouveaux objectifs prochainement fixés par le gouvernement, renforceront encore plus l’incompatibilité avec la feuille de route de l’économie circulaire.
Les élu.e.s écologistes posent la question de la compatibilité du projet avec le futur plan régional de prévention et gestion des déchets de Nouvelle-Aquitaine. Le Conseil régional a clairement exprimé sa volonté d’aboutir à un plan avec un volet d’économie circulaire ambitieux, basé sur une forte réduction du recours aux traitements de déchets, comme l’incinération et le stockage.
Alors que s’ouvre à Bonn la COP 23, il est temps de viser une stratégie zéro déchet et zéro émission de gaz à effet de serre.