Intervention relative à l’autorisation de porter plainte après diffusion d’une vidéo diffamatoire

Intervention de Jean-Louis Pagès en séance plénière du 23 octobre 2017

Monsieur le Président, cher-es collègues,

Les interventions des groupes portent sur leurs explications de vote. Je vais brièvement expliquer ici pourquoi nous ne participerons pas au vote de cette délibération.

L’internet a révolutionné nos moyens de communication et mis en exergue deux phénomènes : la loi de Godwin et l’effet Streisand.

En vertu de la loi de Godwin, « plus un conflit en ligne dure longtemps, plus la probabilité d’y trouver une comparaison impliquant les nazis ou Adolf Hitler s’approche de 1« . Elle a été atteinte ici, dans cette parodie, avec une allusion odieuse au massacre d’Oradour que même les salariés d’Avec ont regretté par voie de presse, ce qui a fait retirer immédiatement la vidéo par leurs auteurs.

Cette charge est d’autant plus injuste que nous pouvons témoigner que les services de la Région en général, et notre collègue Eric Correia en particulier, ont tout à fait raison de restructurer les services proposés par l’agence Avec, dans le respect de son personnel et de ses usagers limousins. Cette plainte n’a aucune chance d’aboutir, car la liberté d’expression, même blessante pour les personnes mises en cause, dont je suis, est surtout scandaleuse par ses allusions et l’instrumentalisation du martyre des habitants d’Oradour,  cette liberté, qui a coûté la vie aux iconoclastes de Charlie Hebdo, doit être protégée justement quand elle s’attaque à ce qui nous est le plus sacré.

Nous pensons donc que le devoir de mémoire pour les suppliciés limousins devrait se doubler du devoir d’oubli pour cette lamentable vidéo qui les salit sottement et se discrédite elle-même.

Or, cette plainte ne va pas aider à cet oubli, car à la loi de Godwin s’ajoute souvent l’effet Streisand, du nom de l’actrice qui a rendu mondialement célèbre une photo de sa luxueuse propriété parce qu’elle voulait justement en interdire la publication.

Nous sommes en train d’en débattre alors que la plupart des élus présents ignoraient l’existence de cette vidéo, désormais inaccessible, et l’action judiciaire ne va contribuer qu’a en faire encore plus de publicité et continuer ainsi à la faire vivre.

Plus que la loi Godwin et l’effet Streisand, la dernière notion que l’internet a mis en avant, c’est le droit à l’oubli.
Je vous remercie.
[Seul le prononcé fait foi]